Dicklove

Entre deux mâts, entre deux sexes

Dicklove

Installés en trifrontal, les spectateurs sont contraints à se voir, à se regarder. Couchés sur l’espace scénique, deux mâts d’acrobatie attendent avec eux. Lorsque chacun est entré, parmi le public, Juglair prend la parole.

La voici qui raconte son enfance de garçon manqué, son envie d’égaler les hommes dans leur comportement prétendument viril. Elle ne se voit pas en train de jouer les rôles traditionnellement dévolus au sexe qualifié de faible. En tous cas, elle n’est pas prête à laisser les mecs gagner dans toutes les joutes sportives. Et surtout en a marre des clichés sexistes de la société, donc de la famille, et des surnoms qu’on lui donne, du genre « otarie ».

Alors, la voilà qui arpente le plateau, son petit sac de sport à l’épaule. Elle passe devant le musicien qui s’est posé côté jardin derrière son synthé et qui l’accompagnera, la soutiendra, la bruitera.

Plantée devant le grand rideau noir qui tient lieu de fond de scène et devient paroi de vestiaire, tranquillement, de dos, Juglair se déshabille, enfile une culotte de sport plutôt connotée, revêt un teeshirt qui lui rabote les seins. Demi-tour. Métamorphose. Voici la gamine de tout à l’heure avec un physique athlétique, un faciès aux traits durcis, une allure de je-vais-foncer-dans-la-vie-droit-devant, une clope aux lèvres en attente de briquet quémandé à la salle.

C’est parti. La structure du spectacle est en place. Ce sera une alternance d’anecdotes racontées et jouées et d’exercices acrobatiques sur les mâts qu’elle a plantés sur scène. L’un, baptisé chinois («  32 kilos » informe-t-elle/il le public), d’habitude pratiqué par des circassiens mâles ; l’autre, du type pole dance dévolu aux nanas aguicheuses des boîtes à striptease. Les deux s’avèrent outils de travail où pratiquer avec virtuosité et maîtrise corporelle athlétique des figures chorégraphiées dont l’effort physique intense ne ternit pas l’élégance.

Ainsi de séquence en séquence, déguisée en drag-queen ou en séductrice, maquillée ou visage à nu, en provocation ou en retenue, la question du elle ou du lui se pose sur un plateau simultanément piste de cirque, plateau théâtral, espace de performance. Question qui ne se résout pas puisque chaque personne possède en soi une part de double appartenance sexuée. Qui insiste avec énergie sur l’inanité des préjugés, des jugements à priori. Qui propose que l’ambiguïté devienne la tolérance et la liberté de choix. ELLE ou IL dépend finalement du regard des autres. Message reçu.

Durée : 1h10
14_15.11.2023 Maison de la Culture Tournai (Be)

En tournée :
21>23.11.2023 Halles Schaerbeek (Be)
05.12.2023 Bonlieu Annecy
15.01.2024 Central La Louvière (Be)
19.01.2024 Smells Like Circus Gand (Be)
24.01.2024 Le Sablier Ifs
24.02.32024 THV St-Barthélemy-d ’Anjou
15.03.2024 Théâtre Mâcon
06.04.2024 MA Montbeliard
05.12.2023

Production : Gueule
Création, interprétation : Sandrine Juglair
Création, interprétation sonore : Lucas Barbier
Regards extérieurs et dramaturgiques : Claire Dosso, Aurélie Ruby
Création lumière : Julie Méreau
Régie lumière : Julie Méreau ou Marie Roussel (en alternance)
Construction : Max Heraud, Etienne Charles, La Martofacture
Costumes : Léa Gadbois-Lamer
Administration, montage de production, diffusion : AY-ROO
Coproductions,résidences, soutiens : Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie, Cirque Théâtre (Elbeuf) , la Brèche (Cherbourg ), Le Manège, (Reims), Théâtre de Cornouaille (Quimper), Le Channel (Calais), Onyx (St Herblain), L’Espal – Les Quinconces (Le Mans), Furies – Le Palc, (Châlons-en-Champagne), Cirque Jules Verne ( Amiens), AY-ROOP (Rennes , Le Domaine d’O (Montpellier), Théâtre La Vista – La Chapelle, (Montpellier), La Cascade (Bourg-St-Andéol), Cirk’éole (Montigny-lès-Metz), La Verrerie (Alès), TRIO…S, Inzinzac-Lochrist / Espace Périphérique, Parc de la Villette (Paris), La Martofacture (Sixt-sur-Aff|)
Soutien : Ministère de la Culture, DRAC Bretagne, SACD, Processus Cirque (St Herblain)
Photo © Fabien Buring

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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