Montreuil, Nouveau Théâtre de Montreuil du 15 mars au 15 avril 2010

Le Mystère du bouquet de roses de Manuel Puig

Dialogue de femmes sous influences

 Le Mystère du bouquet de roses de Manuel Puig

Dès ses premières œuvres, La Trahison de Rita Hayworth (1968), Le Plus Beau Tango du monde (1969) ou Les Mystères de Buenos Aires (1973), le romancier et dramaturge argentin Manuel Puig (1932-1990) est devenu un auteur connu et apprécié. Nourri de références à diverses formes repérables de culture populaire – du roman-feuilleton aux clichés stéréotypés -, son univers romanesque révèle sous ses aspects parodiques ou ironiques une capacité à cerner en profondeur la réalité de la société argentine comme les abîmes de l’âme humaine. Des composants, qui, associés à des techniques d’écriture originales, lui confèrent un statut particulier dans la littérature latino-américaine. Cependant, il doit une bonne part de l’élargissement de son audience au cinéma. En 1976, l’adaptation de son roman,Le Baiser de la femme araignée, pour le film d’Hector Babenco connaît un succès mondial. A l’initiative de Gilberte Tsaï, auteure de la traduction, Le Mystère du bouquet de roses (El Mistero del ramo de rosas) pièce écrite par Puig en 1986, est représentée pour la première fois en France. Elle met en présence, dans une confortable clinique de Buenos Aires, deux femmes réunies par les aléas du milieu hospitalier. L’une âgée et fortunée, issue de la bourgeoisie argentine (Christiane Cohendy), dont l’état dépressif lui fait aspirer à la mort, l’autre (Sylvie Debrun), infirmière singulière attachée à son service pour tenter de la reconstruire. Entre les deux, s’instaure à travers leurs dialogues des relations croisant des sentiments complexes, faits de rouerie, d’animosité, de rejet, mais aussi de tendresse et de compréhension. A la manière d’un puzzle, se dessinent ainsi progressivement deux portraits de femmes. Chacune évoquant suivant son passé et sa condition sociale, ses frustrations et ses secrets, ses aspirations, ses rêves ou ses cauchemars, dans un climat qui associe la réalité à un imaginaire tout aussi expressif des inquiétudes et des tensions rencontrées. Tour à tour tragique ou drôle, la pièce joue sur ces deux tonalités pour introduire des questionnements sur la condition humaine et sur son environnement socioculturel. Avec intelligence et précision, la mise en scène de Gilberte Tsaï révèle jusque dans le détail les rouages et les enjeux portés par l’écriture de Puig. Peut-être avec une rigueur qui laisse un peu sous le boisseau une part de ses colorations et de sa dimension hallucinatoire, surtout exprimée par les lumières d’Hervé Audibert dans la scénographie très concrète de Laurent Peduzzi. Dans leur rôle respectif, les deux comédiennes naviguent avec justesse dans la complexité d’une interprétation à multiples facettes. Christine Cohendy avec la gamme étendue de son talent et Sylvie Debrun avec une finesse et une retenue qui confèrent à l’infirmière une dimension étrange et mystérieuse parfaitement adaptée au personnage.

Le Mystère du bouquet de roses de Manuel Puig, traduction et mise en scène Gilberte Tsaï avec Christine Cohendy et Sylvie Debrun. Scénographie Laurent Peduzzi, lumière Hervé Audibert, son Bernard Valléry, costumes Cidalia Da Costa. Durée 1 h 40. Nouveau théâtre de Montreuil/CDN, jusqu’au 18 février et du 15 mars au 15 avril 2010.

A propos de l'auteur
Jean Chollet
Jean Chollet

Jean Chollet, diplômé en études théâtrales, journaliste et critique dramatique, il a collaboré à de nombreuses publications françaises et étrangères. Directeur de publication de la revue Actualité de la Scénographie de 1983 à 2005, il est l’auteur de...

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