Paris-Petit Montparnasse

24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig jusqu’au 1er février 2009

Catharsis

24 heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig jusqu'au 1er février 2009

Sur les bords de la Riviera, une femme mariée et rangée disparaît brutalement avec un jeune homme dont elle venait à peine de faire la connaissance. Ce petit scandale secoue la torpeur ambiante et bouleverse la bonne société bourgeoise en villégiature, surtout une femme, Mrs C., à qui cette aventure renvoie brutalement un écho douloureux. Surprise par le choc reçu, elle éprouve le besoin de confier à un quasi inconnu, comment, vingt ans plus tôt, elle s’est brûlée à la flamme de la passion sans même s’en rendre compte, alors qu’elle pensait seulement sauver un pauvre jeune homme du suicide. C’est bien sûr ce récit qui fait l’objet de l’admirable nouvelle écrite par l’écrivain allemand Stefan Zweig dans les années 1920. Comme dans bien d’autres nouvelles, (Amok, Lettre à une inconnue, La confusion des sentiments, Le Joueur d’échec, pour les plus connues et les plus souvent mises en scène), il excelle à pénétrer l’intimité des âmes, les tourments qui les agitent, les privant de toute paix intérieure dans le plus grand secret car jamais rien ne transparaît du feu qui brûle ces personnages. Sensiblement à la dimension psychanalytique, Freud avait qualifié cette nouvelle de chef-d’oeuvre. En effet, comment souvent chez Zweig, , le thème du secret est au coeur de cette nouvelle et la confession joue un effet cathartique sur le personnage qui s’en trouve libéré. Zweig était un grand écrivain, doué d’une incomparable finesse d’analyse, qui ne supportant pas l’arrivée d’Hitler au pouvoir, s’est expatrié en Angleterre puis s’est suicidé au Brésil avec sa compagne.

Clair-obscur

La mise en scène de Marion Bierry est fidèle à la représentation traditionnelle un peu désuète de la Riviera : décor discret en clair-obscur et rideaux de tulle en transparence ; un gramophone distille une musique surannée. Catherine Rich, assise de dos durant tout le début du spectacle, est vêtue d’une de ces robes blanches agrémentées de dentelle qui prennent la taille des femmes. La comédienne exprime joliment la résistance du personnage à montrer son âme à nu, les tergiversations intérieures qui la poussent à des extrêmes contradictoires et l’empêchent de se laisser aller totalement à revivre ces 24 heures qui ont bouleversé sa vie à jamais. Une rencontre fortuite aura suffi à en figer à jamais le cours. Catherine Rich livre sa confession avec un mélange de grâce naturelle, de mystère et de distance élégante. Une belle occasion de découvrir ou de réentendre la voix d’un grand écrivain.

24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig, mise en scène Marion Bierry avec Catherine Rich et Robert Bouvier. Au Petit Montparnasse, du mardi à samedi à 19h, dimanche à 15h30. Durée : 1 heure. Tél : 01 43 22 83 04.

Crédits photographiques : photo Lot

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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