Opéra National de Paris - Bastille

Wozzeck d’Alban Berg - LE BARBIER DE SEVILLE de Rossini

Deux superbes reprises

Wozzeck d'Alban Berg - LE BARBIER DE SEVILLE de Rossini

Il est des spectacles qui tracent des ondes dans les mémoires, les revoir pour les uns, les découvrir pour d’autres restent un bonheur. Ainsi ce Wozzeck d’Alban Berg magistralement mis en scène par le Suisse Christoph Marthaler (voir webthea du 2 avril 2008) et remis à l’affiche depuis le 17 septembre. L’épaisseur du silence traduit toujours le degré de l’émotion ressentie dans l’immense salle de l’Opéra Bastille. Dans la fosse le chef allemand Hartmunt Haenchen remplace le français Sylvain Cambreling, avec un peu moins de mordant mais davantage de trouble. Dans le périlleux rôle titre Vincent Le Texier, après le lumineux Simon Keenlyside, impose d’emblée le mal être du pauvre type emmuré dans sa solitude, timbre noir de nuit, attitude de pantin manipulé tandis que la merveilleuse Waltraud Meier qui succède à Angela Denoke illumine le personnage de Marie par la chaleur de sa voix, par son jeu en révolte d’une bouleversante justesse.

Alberto Rinaldi (Bartolo), Antonino Siragusa (Il Conte d’Almaviva) et Karine Deshayes (Rosina)

Pour le joyeux, le désopilant Barbier de Séville transplanté par Coline Serreau du soleil de l’Espagne à celui du pays des Talibans, c’est le quatrième tour de piste depuis son entrée à Bastille en avril 2002 (voir webthea du 13 janvier 2005 : webthea n’était pas encore en ligne durant les représentations précédentes).Émerveillement intact : la loufoquerie des gags, le chatoiement de couleurs, le clin d’œil ironique à la situation des femmes dans certaines régions du monde, le rythme virtuose : tout est en phase avec le champagne de la musique de Rossini. Bruno Campanella reprend la baguette qu’il avait brandie lors des premières représentations avec davantage de nostalgie que de folie. Karine Deshayes succède avec charme et aplomb à Joyce du Donato et Vivica Genaux et ce n’est pas peu dire, Antonino Siragusa, le crâne à la Barthez et la séduction en fine lame campe un comte Almaviva batailleur, Alberto Rinaldo en Bartolo nigaud, Paata Burchuladze Basilio de bronze dépassé par les événements, Jeannette Fischer toujours présente et toujours irrésistiblement cocasse, entourent le Figaro bon enfant, grand as de la débrouillardise de George Petean. Le plaisir qu’ils prennent visiblement à jouer et à chanter déferle sur la salle. A l’opéra, l’euphorie est une affection contagieuse.

Werther d’Alban Berg, les 17, 20, 23, 26, 30 septembre et 2 octobre 2009

Le Barbier de Séville, les 18, 21, 24, 27 septembre, 5, 7, 11, 14 octobre 2009 et du 26 mars au 23 avril 2010

+33 (0)8 92 89 90 90 – www.operadeparis.fr

En logo : Wozzeck Acte II
crédits photos :
Wozzeck : Ruth Walz/ Opéra national de Paris
Le barbier de Séville : Opéra national de Paris/ C.Leiber

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage,...

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