Urgences

• Publié par Stéphane Bugat
• 17 février 2005
• Critiques
• Comédie & Humour
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Cette fois, le confort et l’anonymat du public, vous n’y aurez pas droit. Par un tour de passe-passe qui fait certainement partie des secrets du conteur, c’est bien vous, spectateur parmi les autres, que Pépito Matéo embarque comme personnage central d’une singulière plongée nocturne dans l’univers à la fois familier et insolite de la salle d’urgence d’un hôpital. Lui se contente de vous observer et de décrire par les détails, avec ce sens de la formule qui ne lui fait certes pas défaut, les figures étranges que vous croisez sur votre chemin et les situations plus ou moins loufoques auxquelles vous êtes confrontés. En prime, il s’autorise quelques commentaires sur votre comportement qui, il faut bien l’admettre, n’est pas toujours cohérent ni indiscutable. Il est vrai que l’univers des urgences est idéal pour confronter la souffrance et l’absurde, la générosité et la lâcheté, la poésie et le réalisme le plus cynique.

De quoi rire et s’émouvoir

De cette confrontation Pépito Matéo tire un récit presque épique. Il n’abuse pourtant pas des costumes et autres ustensiles. Il est seul en scène, tout de noir vêtu et le plateau est vertigineusement vide. Impression fugace. Avec son art du geste et sa virtuosité verbale, avec, comme on l’a dit, cette façon troublante d’entraîner le spectateur dans son imaginaire, il ne tarde pas à se construire tout un monde à lui tout seul. Et ce monde-là, s’il ressemble à celui que nous connaissons, à celui qui constitue notre quotidien, a aussi quelque chose de différent, quelque chose en plus, comme une magie avec laquelle il y a de quoi rire et s’émouvoir, s’étonner et voyager. Avec Pépito Matéo, aux urgences, tous les mots ne sont pas des maux.

Urgences, de et par Pépito Matéo, collaboration artistique, Frédéric Faye (direction d’acteur) et Antoine Peugeot. Création lumière, Frédéric Peugeot. Espace Jemmapes, jusqu’au 6 mars, Tél : 01 48 03 33 22.

Photo : Franck Galbrun