Théâtre de l’Athénée (Paris)

Toi c’est moi

Friandises enrobées de rumbas

Toi c'est moi

Réservez vos places : les Brigands sont revenus. Pour la cinquième fois depuis le début de ce vingt et unième siècle, ils s’installent au Théâtre de l’Athénée avec dans leurs malles une opérette pour faire danser la fin de l’année. Après les succès de Geneviève de Brabant et du Docteur Ox d’Offenbach, après le triomphe de Ta Bouche de Maurice Yvain qui n’en finit pas de tourner et qui vient d’être édité en DVD (*), voici Toi c’est Moi, fantaisie exotique sur une musique de Moïse Simons qui est cubain comme son nom ne l’indique pas, un livret de Henri Duvernois et des lyrics pot pourri d’Albert Willemetz, Bertal-Maubon, Chamfleury, étoiles des années folles, vedettes incontournables des divertissements chantés-dansés de l’entre-deux-guerres.

Sérieux s’abstenir !

Il y a Robert et Patrice, dits Bob et Pat, inséparables fêtards, flambeurs et gais lurons qui dilapident sans scrupule la fortune d’Honorine, la tante milliardaire du premier. Laquelle décide de lui donner une leçon en l’envoyant dans une plantation tropicale dont elle est propriétaire. En prenant soin de recommander à son directeur de faire travailler à la dure son paresseux neveu. Chemin faisant, en route pour l’île aux palmiers et palétuviers, les deux copains ont l’idée de mitonner une farce en échangeant leur identité. « Toi, c’est moi »... Pat devient Bob qui se voit condamné à trimer comme... un nègre. Bob devient Pat qui se fait passer pour le médecin du neveu... Ce qui, immanquablement, entraîne mille quiproquos entre le directeur de la plantation, sa ravissante fille, un gouverneur de passage également flanqué d’une fille, un conseiller véreux et la tante en personne qui débarque sans s’annoncer. Sérieux s’abstenir ! Tout cela roucoule et se déhanche aux rythmes des biguines et des rumbas, des bostons et des fox-trot, tout un florilège latino-jazzy qui met des fourmis dans les jambes et de la chanson au bout des lèvres, « Je suis l’homme du soir », « Adieu Paris », « C’est dégoûtant mais nécessaire », « Toi c’est Moi », « Sous les palétuviers : je te veux sous les pas, je te veux sous les lé, les palétuviers roses - aimons-nous sous les parus, prends-moi sous les laitues, aimons-nous sous l’évier  »... Des sottises en friandises à consommer sans modération.

Des tenues folles

On retrouve avec bonheur quelques-uns des irrésistibles « pensionnaires » des Brigands : l’adorable Emmanuelle Goizé en Maricousa, fille des îles délurée, la verve pince sans rire de Gilles Bugeaud, la fausse nonchalance de Loïc Boissier, la frimousse de Camille Slosse. Auxquels se joignent ici, Gilles Favreau en snob aux allures de demi-mondain, la pulpeuse Jennifer Tani, Marie-Louise Duthoit véritable dynamite de fantaisie ou encore Lionel Muzin, gangster en bonhomie cauteleuse.
Benjamin Levy, le jeune maestro qui a le vent en poupe (sacré révélation de l’année par le Syndicat de la Critique Musicale, « moliérisé » avec Ta Bouche au titre de meilleur spectacle musical...) visiblement s’amuse à dynamiser les partitions astucieusement réorchestrées par Thibault Perrine pour les dix musiciens de l’ensemble. Si la mise en scène de Stéphan Druet est sans surprise, si les décors version en cartons-pâte technicolor ont un air déjà vu de cartes postales kitch, le bonheur vient des incroyables costumes d’Elisabeth de Sauverzac qui, une fois de plus, invente des tenues folles où l’extravagance débridée se conjugue à l’élégance...

* enregistré par Tourbillon et distribué par Abeille Musique

Toi c’est Moi, musique Moïse Simons, livret Henri Duvernois, lyrics Albert Willemetz, Bertal-Maubon, Chamfleury, orchestration Thibault Perrine pour dix musiciens et dix chanteurs, direction Benjamin Levy, mise en scène Stéphan Druet, scénographie Florence Evrard, costumes Elizabeth de Sauverzac, chorégraphie Alma de Villalobos. Avec Gilles Bugeaud, Emmanuelle Goizé, Gilles Favreau (et Christophe Graperon en alternance), Jennifer Tani, Loïc Boissier, Olivier Hernandez (et Carl Ghazarossian en alternance), Marie-Louise Duthoit, Lionel Muzin, Francine Romain, Camille Slosse.

Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, du 8 décembre au 14 janvier 2006, tous les jours sauf dimanche et lundi à 20h, à 19h les mardis (relâche les 11,25 décembre et 1er janvier). Tél. : 01 53 05 19 19.

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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