"Sarah Bernhardt" de et par Pierrette Dupoyet

"Quand Pierrette Bernhardt joue et rivalise avec Sarah Dupoyet"

"Sarah Bernhardt" de et par Pierrette Dupoyet

Dans ce bel écrin qui respire bon l’épicerie-cave à vin du temps de la Halle aux vins (Actuellement emplacement de la faculté de Jussieu) on a toute l’aura d’un des premiers cafés-théâtres des années 50. Les murs sont encore tout empreints de mots, d’images et de musique de cette époque et puisque ces derniers ont encore des oreilles, ils pourraient nous remémorer des passages encore boutonneux de nos sympathiques gamins gratte guitares et accrochent mots devenus les grands humoristes ou chansonniers d’aujourd’hui.
Ainsi protégée par ces garanties du passé, à l’aise dans ce lieu, Pierrette Dupoyet a toute tranquillité pour aller, va chercher encore plus en arrière, cette fois dans le vieux Paris, dans la malle de notre patrimoine de personnalités protégées, la figure devenue mythique de « Sarah Bernhardt ». Pierrette, qui fort heureusement, n’est pas encore dans le patrimoine mais dans le sain vivier de nos artistes contemporains prêts à être consacrés, se plait avec sa dextérité et son énergie coutumières à nous camper un fragment de l’existence de dunon-moins étonnante « Reine de Scènes » qu’était la comédienne : Sarah Bernhardt.
Pierrette Dupoyet s’engage et s’implique sans restriction dans ce personnage et par là même nous entraîne dans son sillage. Il faut dire, qu’une fois qu’elle nous a saisie par le collet, on ne bouge plus sur son siège. On n’entend plus l’heure ni les bruits de notre monde parfaitement déréglé. On reste fasciné par ces deux personnages qui se fondent l’un dans l’autre, l’un vit, l’autre revit : Pierrette Bernhardt joue et porte Sarah Dupoyet et brusquement les rôles s’inversent.
Le pathétique est là.
Depuis bon nombre d’incarnations proposées par l’actrice, cette dernière n’a jamais été aussi « expressive » et aussi évocatrice. Elle esquive les pièges de l’imitation et libère son personnage en lui offrant les multiples facettes de sa forte personnalité. Pierrette pointe du doigt la divine Sarah pour nous rendre attentifs à ses leçons de vie…et par la même de théâtre. « La Dupoyet » porte « La Bernhardt » laquelle, nantie parfois de toute l’arrogance qu’on lui prêtait, nous fait apparaître sa fragilité et partager ses doutes.

On pressent en réserve, derrière tout cela l’immense talent de l’interprète. A ces qualités de jeu s’ajoute celles de l’historienne qui confère au spectacle une véritable qualité documentaire. Son efficacité et sa perspicacité scénique font qu’elle va à l’essentiel. D’ailleurs sans concession et elle attaque directement le spectacle vers la fin de la vie de son héroïne. C’est beau c’est éloigné de toute coquetterie.
Pierrette Dupoyet n’ a plus rien à prouver. C’est une grande dame et si Béatrix Dussane était encore là elle ajouterait probablement une neuvième reine à son livre « Reines de Théâtre » . Pour les curieux : « Reines de Théâtre » Béatrix Dussane, Ed. Lardanchet, 1944.

« Sarah Bernhardt… » de et par Pierrette Dupoyet
Au Théâtre de « La Vieille Grille » Paris 5° jusqu’au samedi 16 Mai 21 h et tournées régulières se renseigner pour dates au 01 43 36 07 30 .

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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