Théâtre Dejazet (Paris 11e)

Roland Magdane

Entre copains

Roland Magdane

Roland Magdane débute son spectacle en sollicitant les applaudissements du public comme en fin de représentation. Cette manifestation post-jubilatoire fait exister le public, partenaire avec lequel l’acteur va jouer pendant tout le spectacle.
Le public est alors gentiment pris à parti. Il est prié de s’en aller car les heures de visite ne sont pas encore commencées pour venir voir Roland probablement nommé raisonnablement « Magdane » et enfermé dans une maison de soins. Sommes-nous alors des intrus, des voyeurs ? Nous pourrions presque nous sentir de trop... Au contraire, cette fausse exclusion du spectateur le rattache à l’acteur et le fait entrer d’emblée dans son monde. Ce grand gamin jovial à la démarche d’adolescent arpente avec nonchalance et énergie le plateau du Dejazet. Il y a quelque chose de terriblement juvénile chez Magdane, une sorte de fougue qu’il nous communique. Il nous transmet sa vitalité, lui qui se bat depuis plusieurs années sur les planches. Il a dû ainsi remodeler son image, changer de style d’écriture. Cette fois, il approche de près la poésie même s’il y a un ou deux passages plus « faciles ». Disons que cela apporte une petite respiration, un relief sur lequel on se prend un peu les pieds. Sans pour autant trébucher !

La vie arrangée et la vie dérangée

Débordant d’enthousiasme, Magdane est décidément heureux d’être sur scène. Il s’excuserait presque pour ce plaisir-là. Pour se rassurer, il s’adresse directement au public, lui demandant s’il a pris lui aussi une tranche de bonheur. La réponse est « oui ». Car son spectacle nous parle de la vie, de la vie arrangée et de la vie dérangée. Ce n’est pas une suite de sketches, ni une série de prétendues réflexions. C’est comme un moment que l’on partagerait avec un ami que l’on connaît depuis longtemps, qui pourrait même descendre des planches pour venir s’asseoir à nos côtés. On sent que Roland Magdane a diablement envie de le faire. Son œil généreux et son sourire poupon nous le font deviner.

On note, dans le contenu de son spectacle, un fait nouveau : il donne à quelques-uns de ses propos une dimension sociale, surtout dans la scène finale. Qu’importe si d’aucuns trouvent ça démago, on en a parfois bien besoin pour déboucher les oreilles hypocrites de ceux qui font semblant de ne pas entendre. Tout ça, Roland Magdane le dit avec humour, générosité et talent.

Théâtre Dejazet. Paris 11e

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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