Orlando de Haendel au Théâtre du Châtelet jusqu’au 2 février
Orlando sans furie
Le Châtelet présente un Orlando lisse dans sa mise en scène comme dans son interprétation musicale.
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- 27 janvier
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POUR LE RETOUR AU CHÂTELET de la programmation d’opéras, la nouvelle production d’Orlando de Haendel fait appel à des participants affirmés. Christophe Rousset est à la baguette devant sa formation instrumentale Les Talens Lyriques, face à un opéra baroque qu’il maîtrise parfaitement. La distribution vocale, largement féminine, se révèle également en bonne phase. Et c’est ainsi que, musicalement, la soirée vise au plus juste. Pour cette suite d’arias da capo assortis de récitatifs, l’interprétation vocale demande à s’épanouir dans la colorature. Ce que restitue bien la mezzo Katarina Bradić pour Orlando (en place du castrat d’origine) et la soprano Siobhan Staag pour Angelica, l’une et l’autre d’un beau chant orné. La mezzo Elizabeth DeShong et la soprano Giulia Semenzato ne sont pas en reste de claire intervention pour le rôle (travesti) de Medoro et de la bergère Dorinda. Seule voix masculine, la basse Riccardo Novaro incarne le magicien entremetteur Zoroastro avec l’ardeur de circonstance.
Dans la fosse, les instrumentistes s’accordent au mieux avec le chant, dans des couleurs variées d’un précis accompagnement, sans jamais couvrir les voix, sous la battue vigilante de Christophe Rousset devant son clavecin. Et les deux heures et demie de l’opéra s’écoulent d’un trait.
Au musée
La mise en scène, quant à elle, illustre sans véritable accroc. Jeanne Desoubeaux a choisi une actualisation, ce qui n’est guère nouveau, mais dans un véritable reflet de l’action de cette histoire tirée de l’Orlando furioso de l’Arioste, opposant gloire et amours, entre les jalousies et frustrations du guerrier Orlando et de sa promise Angelica. Le décor (de Cécile Trémolières) représente une salle de musée d’aujourd’hui, chose vue dans d’autres mises en scène, mais appelée à se mouvoir et à se décomposer. Les personnages sont eux vêtus et emperruqués façon XVIIIe siècle (pour cet opéra créé à Londres en 1733) dans les beaux costumes signés Alex Costantino. Et c’est ainsi, entre les tableaux accrochés de peintures historiques, qu’il n’y a pas réellement de transposition d’époque, S’anime tout autour une troupe d’enfants joueurs, qui donnent mouvement à une action générale bien menée. Contribuant au bon aboutissement d’ensemble du spectacle.
Illustration : photo Thomas Amouroux (dr)
Georg Friedrich Haendel : Orlando. Katarina Bradić (Orlando), Siobhan Staag (Angelica), Elizabeth DeShong (Medoro), Giulia Semenzato (Dorinda), Riccardo Novaro (Zorastro). Jeanne Desoubeaux (mise en scène). Orchestre Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset. Paris, Théâtre du Châtelet (qui produit), 25 janvier 2025. Coproduction avec l’Opéra national de Lorraine, le Théâtre de Caen et les Théâtres de la ville de Luxembourg.