Paris, Théâtre de la Tempête

Médée de Pierre Corneille

Objet théâtral non identifié

Médée de Pierre Corneille

Bien que ce spectacle soit une recréation de la Médée de Corneille, rien de classique dans cette aventure, sinon les alexandrins parfaitement interprétés. Par rapport au mythe, l’auteur du Cid n’apporte pas beaucoup de secousses, mais surtout une mise en forme policée et son implacable sens politique de la société humaine. Mais, par rapport à cette tragédie de Corneille, la mise en scène de Paulo Correia est neuve et explosive. Elle utilise les procédés de la vidéo et opère une transposition fantastique et contemporaine de l’histoire – « heroic fantasy », dit Correia. L’action se déroule sur deux plans. Médée vit dans un monde solitaire : vêtue d’une magnifique robe noire, elle parle, médite et agit en une sphère parallèle au monde de la vie et livrée aux pratiques magiques. Les autres personnages interviennent à un autre niveau, sur un autre plan. Eux se croisent, dialoguent, entrent en conflit, vont et viennent. La scénographie à deux étages de Jean-Pierre Laporte se fond dans un univers graphique qui utilise exclusivement les gravures de Gustave Doré. La palette électronique permet de donner une étonnante profondeur à ces dessins, dans lesquels les héros s’enchevêtrent, s’éloignent et se rapprochent dans une série de focales.

Ce spectacle, qui vient du Théâtre national de Nice, est un objet théâtral non identifié, d’une grande magie visuelle, où le son a également son importance (certaines répliques deviennent des récits en voix off). Pauleo Correia et Gaële Boghossian – qui a participé à la conception et qui joue la ténébreuse Médée avec prestance – sont des maîtres d’une technique qu’on maîtrise encore peu en France. Fabrice Pierre (Jason) et Laurent Chouteau (Créon) ont une vraie vie théâtrale, alors que la machine graphique aurait pu les broyer. Correia imprimant un rythme très vif (et ayant pratiqué quelques coupes), la soirée file à vive allure. Déroutant peut-être, fascinant sûrement.

Médée de Pierre Corneille, mise en scène de Paulo Correia, dramaturgie et costumes de Gaële Boghossian, robe de Médée par Bibian Blue, musique de Fabrice Albanese, scénographie de Jean-Pierre Laporte, lumières d’Alexandre Toscani, création vidéo de Paulo Correia, son de Guillaume Pomares. Théâtre de la Tempête, tél. : 01 43 28 36 36, jusqu’au 21 avril. (Durée : 1 h 15).

© Fraïcher Mathey

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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2 Messages

  • Médée d’Euripide 10 avril 2013 15:29, par anne

    Attention, erreur !
    L’image est celle de la mise en scène de la pièce de Corneille, donnée à la Cartoucherie, et non de la mise en scène de la pièce grecque à laquelle est consacré l’article...

    Répondre au message

    • Médée d’Euripide 11 avril 2013 09:04, par Gilles Costaz

      En effet. Il y a eu un pataquès. Un vieil article sur la Médée d’Euripide a été envoyé à la place du nouvel article sur la Médée de Corneille. Toutes nos excuses. Cela va être corrigé.

      Répondre au message

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