Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris
Le combat de Tancrède et Clorinde - Madrigaux guerriers et amoureux
Le bel apprentissage des enluminures baroques
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- 12 décembre 2006
- Critiques
- Opéra & Classique
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Jeunes voix roucoulant en spirale les ornementations de Monteverdi, jeunes pupitres d’un orchestre en apprentissage : le dernier exercice de l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris présenté à Suresnes et à l’Amphithéâtre Bastille révélait bien des talents et savoir-faire.
Pour la mise en scène, mise en espace, Christian Schirm, patron de l’Atelier, fit à nouveau appel au comédien metteur en scène Jean-Yves Ruf auquel il avait déjà confié un précédent Cosi tout à fait réussi. Pour l’exécution musicale, il eut l’intéressante initiative de faire appel aux élèves du département musique ancienne du Conservatoire National de Paris, et ainsi constituer un véritable orchestre, en lieu et place des habituels accompagnements au piano. Le résultat s’ouvre sur un vrai spectacle, rigoureux, intelligent, beau à voir et à entendre.
Une chorégraphie du désir
Les musiciens prennent place sur un large tréteau de bois blanc qui surplombe l’espace scénique, les chanteurs se déplacent, jouent et chantent sur et autour de quelques tables du même bois clair. C’est simple et direct. Les Madrigaux guerriers et amoureux de l’inventeur de l’opéra s’y déclinent dans une sorte de chorégraphie du désir, avec ses couples qui se font et se défont, autour de l’éternel jeu attirance-résistance de la séduction. De jolis timbres se découvrent, celui de la mezzo soprano Anna Wall, de la basse - une vraie basse ! - Ugo Rabec, des ténors Vincent Delhoume, Johanness Weiss.
Pour Le Combat de Tancrède et Clorinde, le narrateur, soutenu par la présence et le phrasé du baryton Ukrainien Vladimir Kapshuk, s’exprime face au public tandis que les amoureux maudits en cottes de maille grises se détachent en silhouettes aériennes derrière l’orchestre. La Caucasienne Elena Tsallagova et le Moldave Igor Gnidli se prêtent en souplesse vocale et corporelle et leur ballet d’amour et de mort, thème central de l’œuvre de Monteverdi.
Douze voix en devenir ou déjà affirmées, douze instrumentistes à l’écoute de leur chef Yvon Repérant :l’Atelier Lyrique couve des nichées à suivre de près. On pourra en suivre l’évolution dans divers styles musicaux comme ceux de l’opéra français, de Brahms ou encore de la présence de Shakespeare dans le répertoire lyrique.
Monteverdi par l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris, avec la participation des étudiants du département de musique ancienne du Conservatoire National de Musique de Paris.
– Les 2 & 3 décembre au Théâtre Jean Vilar de Suresnes.
– Les 8 & 9 décembre à l’Amphithéâtre Bastille.
Photographies : Opéra National de Paris