"Le bel indifférent" de Jean Cocteau avec Ségolène Point, mise en scène Christian Baltauss
Au Théâtre Ménilmontant

« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Théâtre Ménilmontant Paris 20°
Joué par Ségolène Point dans une mise en scène : Christian Baltauss
Après des écritures plus symbolistes Jean Cocteau participe à des écrits plus conventionnels et plus réalistes tel que « Le bel indifférent ». Probablement une commande soufflée par son amie Edith Piaf. On retrouve alors dans l’œuvre littéraire, et la matérialisation qui en est faite sur scène, l’ambiance des années quarante. Les tensions semblent tapis au-delà du décor et du théâtre. Bien que les sentiments et la situation psychologique soit différents du scenario du film « Le jour se lève » datant de la même époque on retrouve l’oppression du huis clos et de l’enfermement. Dans un cas comme dans l’autre on voit bien qu’il n’y a pas d’espoir de bien être en ces personnages. La situation va se dégrader au fur et à mesure de la pièce. Alors nous spectateur/voyeur on attend, comme au cirque la chute, finale, fatale et prévisible.
C’est là, que le metteur en scène et directeur d’acteur Christian Baltauss nous ajuste nos lorgnettes : tout en gardant à l’esprit cette hypothétique mise en abîme, il sait nous faire attendre par quelques habiles digressions et nous entraîner dans le désarroi du présent scénique, c’est-à-dire dans le direct pour partager, avec le plateau, le malaise de cette attente.
À travers toutes ces subtilités inaperçues au premier coup d’œil la comédienne, Ségolène Point, porte et traduit assez bien les diverses pulsions et déchirements du personnage, elle a tout au moins la qualité de ne pas sombrer dans un jeu mélodramatique qui serait alors inopérant. On regrette toutefois que Jean Cocteau ait économisé son texte, il aurait pu jouer sur un peu plus de suspensions, tout en tirant à la fois sur la ficelle du temps et de l’action afin d’alimenter plus d’actif à cette dramaturgie. À l’origine, ce texte n’est probablement que le canevas d’une performance ou d’un argument d’improvisation. Mais après tout, aux dires de T. Kantor : « C’est le public qui vient au théâtre, c’est lui qui fait la démarche, alors c’est à lui de faire le travail avec son imaginaire … » Bien sûr ce propos est de sympathique bienveillance car on sait très bien que, derrière ce désintéressement affecté, toute une équipe fait un travail discret, clandestin mais …par la grande magie du théâtre …tellement lumineux !
Par Jacky Viallon
« Le bel indifférent » de Jean Cocteau Joué par Ségolène Point et la présence de Ludovic Doyard. Mise en scène : Christian Baltauss Jusqu’au 19 décembre 2010 Jeudi au samedi 21 h 15 - Dim : 17 h 30 Théâtre Ménilmontant Paris 20° 15 rue du retrait tel : 01 46 36 98 60
Photographe : Richard BALTAUSS