Le Canard à l’orange de William Douglas Home

Party de campagne à l’anglaise

Le Canard à l'orange de William Douglas Home

Est-on revenu aux années 50 ? Au début du spectacle, les trois coups sont frappés derrière le rideau. A la fin, le metteur en scène fait applaudir, le nom des artistes concernés (« le décor est de… ») et des acteurs en scène. La pièce elle-même, Le Canard à l’orange, est de cette époque-là, et l’adaptation d’un des maîtres du genre à présent trop oublié, Marc-Gilbert Sauvajon. William Douglas Home, l’auteur de l’œuvre originale, a, lui aussi, un peu quitté le panthéon du boulevard. Mais voilà qu’Home et Sauvajon, reprennent des couleurs grâce à Nicolas Briançon, qui s’amuse à rétablir les mœurs théâtrales d’antan, et à son excellente mise en scène dans un beau décor (sournoisement libertin) de Jean Haas.
Sa liaison ayant été découverte, une jeune femme mariée se résout à avouer sa double vie et sa préférence pour l’amant. Elle va donc quitter son époux, lequel a l’idée d’inviter l’amant à la campagne pour une sorte de fête de séparation. Lui, le mari, convie sa secrétaire dont l’ambition et le besoin de séduire sont sans limites. Ils se retrouvent donc à quatre dans la campagne londonienne, en compagnie d’une domestique, de boissons très alcoolisées et de la bonne chère à l’anglaise (le canard à l’orange se fait attendre, mais la cuisinière est troublée par ce qui se déroule à la maison). Evidemment, l’objectif du mari est de reconquérir sa femme. La partie sera difficile, et fort comique.
Sur scène, il y a Nicolas Briançon et les autres. Un peu comme chez Guitry, mais de manière british, le mari est un meneur de jeu ; il parle sans cesse, manipule, fait des étincelles. Briançon joue ce rôle d’élégant rusé avec une vivacité de tous les instants et une désinvolture trompeuse qui donnent des accents modernes, assez rares dans le théâtre de divertissement d’aujourd’hui. Autour de lui, ses partenaires soulignent avec bonheur le juste trait de caractère de leur personnage : la sincérité mélancolique chez Anne Charrier, la vanité aristocrate chez François Vincentelli, l’art de la conquête érotique chez Alice Dufour et l’humeur maussade chez Sophie Artur. La soirée est réglée à merveille, comme la Bentley dont il est question dans la pièce car, évidemment, ces gens de la gentry roulent en Bentley et non en Mini Cooper.

Le Canard à l’orange de William Douglas Home, adaptation de Marc-Gilbert Sauvajon, assistanat de Pierre-Alain Leleu, décor de Jean Haas, costumes de Michel Dussarat, perruques et maquillage de Michèle Bernet, lumière de Franck Brillet, avec Anne Charrier, Nicolas Briançon, François Vincentelli, Alice Dufour et Sophie Artur.

Théâtre de la Michodière, tél. : 01 47 42 95 22. (Durée : 1 h 40).

Photo Jean-Claude Hermaize : Anne Charrier et Nicolas Briançon.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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