Paris - Théâtre du Châtelet jusqu’au 3 juin 2008

LA GENERALA d’Amadeo Vives

Une "zarzuela" au goût viennois

LA GENERALA d'Amadeo Vives

On passe deux heures de pure détente au Châtelet, même si le titre et le sous-titre du spectacle à l’affiche font illusion. L’espagnolade suggérée par La Generala et sa « zarzuela » n’est pas vraiment au rendez-vous de l’opérette que Jean-Luc Choplin, patron du théâtre, a décidé de faire revivre. Point de séguedille, habanera ou autre fandango, mais des valses et des marches et même des galops que ne renieraient ni Frantz Lehar, ni les Strauss père et fils. De fait, pour tout néophyte, l’appellation « zarzuela » est un trompe l’œil, pour ne pas dire un trompe l’oreille… Car malgré sa consonance, elle ne définit pas un genre déterminé par des règles explicites, mais renferme une multitude de variations.

Des péripéties dignes des passes de toréro

Entre parodie de viennoiserie pour le livret et coup de chapeau musical au génie français des Chabrier ou Massenet, La Generala d’Amedeo Vives a pour seul but de divertir et y réussit avec infiniment de raffinements. L’histoire, signée Guillermo Perrin et Miguel de Palacios, tourne autour de tribulations loufoques que n’auraient pas dédaigné les Branquignols. L’Espagne y est représentée par un roi, une reine et un prince exilés en Angleterre, raides comme des passe-lacets. Comment sauver la face devant la prospérité britannique, sa culture trempée d’Oxford et de Cambridge et un régiment d’Ecossais en kilt, puis retrouver les moyens de l’insouciant et douillet confort royal ? En mariant le fiston à une riche héritière, pardi ! Hélas, le gamin, play-boy et fleur bleue, est tombé fou amoureux de la femme du général, cette « Generala » autrefois fille du peuple et chanteuse de beuglants parisien… Après quelques péripéties dignes des passes de toréro - olé ! - les sentiments coquins reprennent le droit chemin, chacun retrouve sa chacune… au clair de lune que fait rouler un Pierrot de commedia dell’arte. Et que tombe du ciel une pluie d’or…

La désopilante reine mère de Itxaro Mentxaka

Un manège tient lieu d’arène, ravissant carrousel de foire qui tourne, clignote, se transforme en théâtre ambulant avec rideaux rouges et escalier de music hall. L’ensemble de la production vient en direct de Madrid et de son Teatro de la Zarzuela, la mise en scène d’Emilio Sagi, découvert dans ce même Châtelet avec Le Chanteur de Mexico (voir webthea du 26 septembre 2006) fourmille de joyeuses bouffonneries, José Fabra dirige l’Orquestas de la Comunidad de Madrid et lui insuffle le punch qui fait chalouper les rythmes, Nuria Castejon règle des ballets joliment déjantés – manquant parfois d’ensemble mais ça les rend encore plus drôles. Le ténor Enrique Ferrer a bien du charme en jeune premier, Carmen Gonzalès, en Generala acidulée a de la gouaille à revendre, la palme de la drôlerie revenant à la désopilante reine mère de la basque Itxaro Mentxaka. Danseurs et chanteurs manifestement cultivent un esprit de troupe et semblent s’amuser presque autant que le public.

La Generala d’Amedeo Vives, « opereta » en deux actes, livret de Guillermo Perrin et Miguel de Palacios, Orquestas de la comunidad de Madrid, direction José Fabra, mise en scène et adaptation Emilio Sagi, scénographie Daniel Bianco, costumes Jesus Ruiz, lumières Eduardo Bravo, chorégraphie Nuria Castejon. Avec Carmen Gonzales, Enrique Ferrer, Beatriz Diaz, Itxaro Mentxaka, Enrique Baquerizo, Miguel Lopez Galindo, José Luis Gago, David Rubiera Enrique Viana…. Production du Teatro de la Zarzuela de Madrid.
Théâtre du Châtelet, les 27, 29, 31 mai et 3 juin à 20h
01 20 28 28 40 – www.chatelet-theatre.com

Crédit photos : Marie-Noëlle Robert

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook