Hello Dolly au Théâtre du Lido de Paris jusqu’au 5 janvier

Inusable Hello Dolly

La fameuse comédie musicale de Broadway revient en grande forme sur la scène du Lido.

Inusable Hello Dolly

À chaque saison des fêtes, son musical à succès. Depuis qu’il a repris voici trois ans les rênes de la fameuse salle des Champs-Élysées, rénovée par le groupe Accor, Jean-Luc Choplin, qui a œuvré auparavant au Châtelet, n’a de cesse de revitaliser les grandes comédies musicales qui ont fait les grandes heures de Broadway. Après Cabaret fin 2022 et A Funny Thing l’an dernier, voici Hello Dolly. Arrivée à son soixantième anniversaire, la veuve Dolly Gallagher Levi, marieuse et meneuse de revues, n’a perdu aucune de ses plumes ni cédé de sa verve et de son entregent.

Créée à New York en 1964, la comédie chantée et dansée, signée Jerry Herman pour la musique et les lyrics (paroles des chansons), et Michael Stewart pour le livret, a été récompensée par pas moins de dix Tony Awards. Carol Channing, créatrice du rôle sur scène, le jouera 5 000 fois jusqu’en 1995. Réalisée par Gene Kelly en 1969, la version filmée consacra la jeune Barbra Streisand qui à 26 ans, bien que trop jeune pour le rôle de la veuve, s’imposa. Avec en guest star, Louis Armstrong chantant la célèbre chanson-titre devenue un tube planétaire. La popularité du musical franchit gaillardement l’océan en 1972, défendu par Annie Cordy, dans une version adaptée au public français.

Sémillante veuve

Conçue au XIXe siècle dans la vieille Europe, à Vienne, l’histoire de Dolly transplantée aux États-Unis ne prête pas à conséquence, n’étant que prétexte à numéros par une troupe de près de trente artistes qui se doivent de tout faire : chanter, danser, jouer la comédie. Au fil de sa longue carrière, la fonction de la matchmaker (marieuse) investie par Dolly s’est diversifiée car, comme elle l’affirme dans le morceau qu’elle chante d’un air décidé : « I put my hand in » (littéralement « je mets la main à tout »). Infatigable multicartes, la sémillante sexagénaire prétend soigner aussi bien les peines de cœur que les varices !

Caroline va bon traint

Volcanique, cheffe d’un gang à jupons et chapeaux, la veuve du marchand Ephraïm Levi n’a cure de féminisme ; en voulant marier les autres, elle ne songe qu’à se recaser. Dans le quartier de Yonkers, au nord de Manhattan, à la fin du XIXe siècle, elle jette son dévolu sur le grainetier Horace Vandergelder, vieux garçon endurci, revêche et radin, et l’entraîne dans le restaurant Harmonia Gardens où, du temps de sa splendeur, elle avait ses habitudes. Elle y revient telle une star, saluée par l’équipe de serveurs par l’air devenu le gimmick de la pièce « Hello, Dolly ! ». Veuve, et pas de la première fraicheur, Dolly n’a pas l’intention de se morfondre ni de passer son tour, comme elle le déclare dans le morceau « Before the parade passes by » (« avant que la Parade [de la fête nationale du 4 juillet] ne passe »).

Pour cette production parisienne, le metteur en scène et chorégraphe, Stephen Mear, un habitué du Châtelet époque Choplin, a fait appel à une équipe anglaise qu’il connaît bien. Dans un décor unique mais habilement transformé au gré des scènes, les numéros chantés et dansés vont bon train. Tapi au fond d’une loggia qui surplombe la scène, l’orchestre distille airs de valse et autres polkas entraînantes tandis que sur le plateau les artistes se démènent sans compter.

Bien qu’ayant passé le cap de la soixantaine, l’anglo-australienne Caroline Ann O’Connor, fait preuve dans le rôle de Dolly d’un abatage et d’une puissance vocale bluffants. Toute l’équipe des premiers et seconds rôles ne lui cède en rien et le spectacle dégage une énergie qui semble inépuisable. N’étaient certains dialogues un peu longuets et pas vraiment indispensables, les scènes s’enchaînent les unes aux autres avec fluidité et mènent au happy end où Dolly triomphe de tout et de tout le monde.

En prime, à l’entracte, le public ébaubi a droit aux jets d’eau colorés qui, surgis d’une gigantesque trappe, s’élèvent en rythme devant la scène. N’ayant sans doute pas trouvé de fonction pendant le spectacle, ceux-ci offrent la dose de kitsch second degré indissociable de la maison.

Photo Julien Benhamou

Hello Dolly, au Théâtre du Lido de Paris jusqu’au 5 janvier 2025 (https://lido2paris.com/fr).
Avec Caroline O’Connor, Peter Polycarpou, Monique Young, Carl Au, Reece McGowan, Chrissie Bhima, Jordan Crouch, Jemima Eaton. Metteur en scène et chorégraphe : Stephen Mear ; scénographe et costumier : Peter Mckintosh ; directeur musical : Nigel Lilley ; créateur lumières Tim Mitchell ; créateur son : Unisson Design. Directeur de casting : David Grindrod pour Grindrod and Sondheim.

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de...

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