Cupid and death

Un masque pour rire, chanter, danser.

Cupid and death

Associer le masque au pur divertissement, ce n’est pas vraiment dans l’air du temps. Mais c’était le cas autrefois, en Angleterre au XVIème, avec des spectacles qui réunissaient le théâtre, la danse, la musique, le chant, et les décors fastueux. Ni comédie ni opéra, le mask, genre typiquement anglais, disparaîtra au siècle suivant au profit de l’opéra baroque et des spectacles de cour français. Il correspond à la définition d’un art total de la scène, un vieux rêve caressé par tous les théâtreux amateurs de musique et vice-versa.

Au Théâtre de l’Athénée, ce rêve est concrétisé par le claveciniste Sébastien Daucé, grand connaisseur de musique ancienne, fondateur de l’ensemble Correspondances, qui redonne vie à une pièce oubliée, intitulée Cupid and death (en français Cupidon et la mort). Ce mask est le seul que Sébastien Daucé a retrouvé à l’état complet, créé en 1653 pour la visite de l’ambassadeur du Portugal venu signer la paix à Londres avec Cromwell (lequel avait pourtant interdit tous les spectacles !), signé d’un librettiste, James Shirley, et de deux musiciens Matthew Locke et Christopher Gibbons.

Echange de flèches

Au terme « ressusciter », les deux metteurs en scène Jos Houben et Emily Wilson préfèrent celui de « réinventer » tant ce type de divertissement en musique laisse le champ libre à l’imagination avec son mélange de faste et de carnavalesque, de scènes allégoriques où les dieux côtoient humains et animaux, de moqueries, de clins d’œil à l’époque, de danses grotesques et codifiées, de musique instrumentale (sur instruments anciens) et de polyphonie vocale élaborée.

Au départ de l’intrigue, adaptée d’une fable d’Esope, il y a un échange de flèches entre Cupidon et la Mort : le dieu de l’amour lance ses traits sur des jeunes gens énamourés et les tue tandis que la Camarde pique d’amour deux vieillards prêts au trépas et soudain ragaillardis. De ce micmac naît un grand chaos, Dame Nature s’affole et les ennemis deviennent amis jusqu’à ce que Mercure ne rétablisse l’ordre des choses et des sentiments.

Sur la base de ce canevas, tout est possible sur le plan scénique. Ce dont ne s’est pas privée la troupe d’une vingtaine de comédiens/chanteurs/danseurs/musiciens qui, avec des moyens très limités, a fait assaut d’inventivité. Caisses, portants et autres praticables changeant à vue au fil des péripéties suffisent à planter des décors minimalistes et mouvants, naviguant entre les musiciens qui évoluent eux aussi sur scène, rassemblés autour de Sébastien Daucé qui les conduit au virginal. Et des accessoires les plus inattendus, de simples bouts de carton font l’affaire pour assembler des costumes hilarants.
Mais le meilleur reste la musique avec l’ensemble des voix qui tricotent des airs extrêmement élaborés qui fusent et s’entortillent en distillant une douce mélancolie.

« Cupid ans Death » de James Shirley. Musique : Matthew Locke, Christopher Gibbons. Mise en scène : Jos Houben, Emily Wilson Direction musicale : Sébastien Daucé. Avec l’Ensemble Corrrespondances et Perrine Devillers, Lieselot DeWilde, Yannis François, Nicholas Merryweather, Lucile Richardot, Antonin Rondepierre (solistes). Fiamma Bennett, Soufiane Guerraoui (comédiens).
Théâtre de l’Athénée, Paris : jusqu’au 27 novembre, www.athenee-theatre.com

Tournée : Théâtre Impérial de Compiègne : jeudi 9 et vendredi 10 décembre.
Opéra de Rouen Normandie : mardi 14 et mercredi 15 décembre Opéra de Massy : vendredi 11 et samedi 12 février 2022
Centre d’arts et de culture de Meudon : mercredi 9 mars
Atelier lyrique de Tourcoing : samedi 19 mars
Opéra Royal de Versailles : samedi 26 et dimanche 27 mars
Théâtre d’Hardelot : vendredi 1er et samedi 2 juillet (sous réserve)
MA Festival de Bruges : vendredi 5 août (sous réserve)
Opéra de Rennes : jeudi 29, vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre.

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de sa...

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