En tournée jusqu’au 2 mars 2010

Au temps des Croisades de Claude Terrasse et Franc-Nohain

Quand les "Brigands" mettent la table pour "26.000 couverts" le délire est dans l’air. Et le plaisir garanti.

Au temps des Croisades de Claude Terrasse et Franc-Nohain

La résidence annuelle de la compagnie Les Brigands au Théâtre de l’Athénée est devenue au fil des ans l’incontournable rendez-vous des fêtes de fin d’année : d’Offenbach à Claude Terrasse, en passant par Léo Delibes, Moïse Simons ou autre Maurice Yvain, farce et musique y composent des alliages qui font exploser les rires.

Après avoir longtemps fait cavalier seul « ès-déjanterie » voici qu’ils s’associent à une autre compagnie garantie décalée les auto-nommés 26.000 Couverts, as du théâtre de rue qui s’étaient il y a deux ans via Shakespeare – Beaucoup de bruit pour rien - converti avec bonheur au théâtre classique ([voir l’article de Corinne Denailles du 13 septembre 2007). Le mariage des deux troupes ne pouvait manquer d’accoucher d’un bel enfant de la balle. Promesse tenue : leur virée médiévale au temps des croisés dérape et décape à qui mieux mieux au nom de sa sainteté le canular.

"Palestine" le nectar qui rosit les grises mines

Drôle de croisade en vérité où le seigneur s’en est allé en Palestine en oubliant la clé de la ceinture de chasteté de gente dame Bertrade, son épouse d’un soir… Mais le temps vieillit vite comme le dirait aujourd’hui Antonio Tabucchi et l’abstinence forcée de la suzeraine et de ses demoiselles d’honneur fait monter la fièvre des désirs. Des pages jolis y perdront leur pucelage et un voyageur de commerce égaré, vendeur de la liqueur de Palestine, le nectar qui rosit les grises mines, se voit appelé à remplacer l’absent… Tout ça à cause de l’oliphant, le cor magique de Roland…

Claude Terrasse (1867-1923) fit de ce joyeux appel à la gaudriole un opéra-bouffe qui fut créé en 1901 sur un livret de Franc-Nohain. Des âmes pudibondes s’en offusquèrent tant que les auteurs durent en changer le titre, le Temps des Croisades devient celui d’un Péché Véniel avant de reprendre sa gaillarde identité première. Sa musique est une musique de charme, de thé dansant, de ritournelles à trois temps qui fait sourire dès qu’on l’entend.. Fidèle au poste Thibault Perrine signe la réduction orchestrale adaptée aux musiciens de la troupe et lui injecte quelques clins d’oreilles facétieux - Zaratoustra, Pierre et le loup -, Christophe Grapperon, chef attitré de l’orchestre le fait pétiller d’hilarité.

Une ronde de bouffonneries totalement marteau

Le carton pâte plan-plan du décor médiéval démasque peu à peu ses tours de passe-passe, s’ouvre sur des ballets d’ombres chinoises, accueille une désopilante cavalerie miniature, prend feu… Les costumes d’Elisabeth de Sauverzac mêle comme d’habitude la folie douce à la douceur foldingue et met cette fois coiffes et coiffures en délire poétique. Philippe Nicolle, l’homme d’ailleurs, le créateur des 26.000 Couverts, entraîne tout son petit monde (pêle-mêle musiciens, acteurs, chanteurs, chef d’orchestre) dans une ronde de bouffonneries totalement marteau, fait virer un tousseur, organise un faux entracte, et libère les zygomatiques des plus grincheux.

Leste, coquin, musical et poétique

On retrouve avec plaisir les figures familières des Brigands, Emmanuelle Goizé, toujours jolie et bien en voix, Olivier Hernandez, Flannan Obé, Anne-Lise Faucon, Gilles Bugeaud, naïf délicieusement patapouf en vendeur de « Palestine » happé par les sens. S’y ajoutent avec punch Jacques Ville, Olivier Dureuil, Valérie Véril, servante et coiffeuse godiche à la puissance cent, et l’impayable musicien bruiteur Christophe Arnulf, aboyeur, miauleur, hennisseur, percussionniste de triangle et poivrot assermenté. Véritable meneuse de revue, soprano lyrique, clown, danseuse et acrobate, la ravissante Charlotte Saliou, reine du bagout, mène les danses, les cœurs et les corps à un train d’enfer (malgré un refroidissement le soir de la première qui l’obligea à se faire remplacer pour quelques airs papillonnant trop hauts dans les aigus).

C’est leste et coquin, musical et poétique, trivial parfois mais toujours sans mauvais goût. Idéal quoi ! On peut – on doit – y emmener ses enfants.

Au temps de Croisades opéra bouffe de Claude Terrasse, livret Franc-Nohain, direction musicale Christophe Grapperon, mise en scène Philippe Nicolle, orchestration Thibault Perrine, scénographie Sophie Deck, costumes Elisabeth de Sauverzac, lumières et scénographie Hervé Dilé. Avec Christophe Arnulf, Gilles Bugeaud, Olivier Dureuil, Anne-Lise Faucon, Emmanuelle Goizé, Olivier Hernandez, Flannan Obé, Charlotte Saliou, Valérie Véril, Jacques Ville et les neuf musiciens de la formation des Brigands.

Théâtre de l’Athénée, jusqu’au 3 janvier 2010, les mardis à 19h, du mercredi au samedi à 20h, les dimanche à 16h.

+33 (0)1 53 05 19 19 – www.athenee-theatre.com

En tournée : 1er décembre Besançon, 4 décembre La Rochelle, 8,9,10 décembre Brest, 8,9,10 janvier Metz, 17 janvier Calais, 20 janvier Saint Quentin, 22 janvier Arras, 24 janvier Beauvais, 31 janvier Lons-le-Saunier, 28 février, Boulogne-sur-mer, 2 mars 2010 Bourges

crédits photo : Elisabeth de Sauverzac

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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