Any Attempt will end.... de Jan Martens

Le chorégraphe flamand livre un spectacle sous haute tension

Any Attempt will end.... de Jan Martens

Grand format, la pièce de Jan Martens pour 17 danseurs distribués sur l’immense plateau de la Villette, l’est d’abord par son titre. Soit en français : « Toute tentative se terminera par des corps écrasés et des os brisés ». En fait, c’est une citation du président chinois Xi Jinping lors des manifestations à Hong Kong, en octobre 2019. En écho aux violences physiques et verbales de l’époque, le spectacle, créé dans le cadre du Festival d’Avignon 2021, se révèle aussi énigmatique que sidérant.

Inspiré par des luttes telles que celles de Youth for Climate, de Black Lives Matter ou des Gilets jaunes, la pièce imaginée comme une « démocratie possible » se veut en phase avec les grands mouvements de mobilisation et leur déploiement face aux violences sociales et climatiques. La partition ensorcelante du Concerto pour Clavecin et orchestre à cordes, op. 40, de Gorecki revient en boucle tout au long du spectacle. Et, en alternance, un foisonnement de chansons (Kae Tempest, Dan Carey) et de textes de l’autrice écossaise Ali Smith projetés en fond de scène (pas toujours lisibles), ainsi que des SMS d’insultes d’une extrême violence, provocations manifestes appelant la riposte.

Lignes de tension

Chacun se distingue dans le groupe hétérogène composé d’interprètes au profil très divers, âgés de 18 à 71 ans rassemblé par Martens. Des lignes géométriques sont tracées au sol, comme autant de lignes de tension disposées en étoile sur et autour desquelles les danseurs se déploient en rafales extrêmement toniques. Incroyablement réglé dans la diversité de ses formes collectives ou solistes, le ballet envoutant exalte la révolte et la différence, comme si le groupe exacerbait la singularité. Solos hypernerveux, pas de deux, scènes de groupes ou solos collectifs font place à de longues marches de manifestants où les danseurs s’entremêlent de façon très fluide.

Tout comme les costumes imaginatifs, qui passent du gris terne au rouge vif, le spectacle gagne en intensité à mesure qu’il avance. Avec un investissement physique sidérant, les danseurs dispensent une énergie folle pendant une heure trente sans temps mort.

Spectacle hors les murs du Théâtre de la Ville.

Chorégraphie : Jan Martens. Assistante Artistique : Anne-Lise Brevers. Lumière : Jan Fedinger. Costumes : Cédric Charlier.
Grande Halle de la Villette jusqu’au 13mai. www.lavillette.com
Les Gémeaux de Sceaux, les 16 et 17 mai, www.lesgemeaux.com

A propos de l'auteur
Noël Tinazzi
Noël Tinazzi

Après des études classiques de lettres (hypokhâgne et khâgne, licence) en ma bonne ville natale de Nancy, j’ai bifurqué vers le journalisme. Non sans avoir pris goût au spectacle vivant au Festival du théâtre universitaire, aux grandes heures de sa...

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