Pauiina d’Angelica Liddell
Transfiguration de la douleur
A l’intérieur d’un des longs textes furieux d’Angelica Liddell, La Maison de la force, l’actrice Clémence Caillouel a détaché une miniature, un ensemble court sur le thème de la femme harcelée et maltraitée : l’évocation de quelques femmes détruite par des hommes, surtout Paulina, amoureuse de son bourreau et tuée par lui. Le spectacle a été monté au Laboratorio teatro de Barcelona, en espagnol, et arrive en France, dans une version franco-espagnole (surtitrée). Il porte la marque de la metteure en scène Jessica Walker, qui, à Barcelone, travaille dans le dépouillement, le clair obscur, le minimal, le tranchant. La tragédie survient dans une sorte de rituel où tout est à la fois brisé et sublimé.
Pour l’actrice, il ne s’agit pas de plaire mais d’aller au plus incandescent du jeu tragique. Clémence Caillouel représente successivement ces femmes et un personnage d’homme machiste comme fracassée, comme un être humain qu’on a vous réduire à une existence d’objet. Dans le même temps, la diction est musicale, bien que dans la plus sensible des blessures. On a peu d’exemples de ce type de jeu en France. D’où notre admiration, notre sidération devant ce moment de douleur à la fois mise à nu et transfigurée.
Paulina d’après La Maison de la force d’Angelica Liddell, mise en scène de Jessica Walker, Avec Clémence Caillouel.
Festival d’Avignon Off : Sham’s, 22 h, tél. : 07 68 61 84 45, jusqu’au 28 juillet. (Durée : 1 h).
Photo DR.