Théâtre du Ranelagh, Paris

Festival du théâtre baroque

Baroque, vous avez dit Baroque

Festival du théâtre baroque

Jean-Denis Monory et sa compagnie La Fabrique théâtre investissent le Théâtre Le Ranelagh jusqu’au 3 juin pour le premier festival de théâtre Baroque, un événement qui mérite quelques explications afin d’en gouter au maximum toutes les nuances.

Un peu d’histoire

Baroque, bizarre comme nom. Baroque vient du portugais Baroco désignant une perle irrégulière dont l’étrangeté choque. Le baroque est excentrique, extravagant. Par extension « Baroque « désigne un courant artistique en rupture avec le style issu de la renaissance. L’architecture, l’art pictural, la littérature et la musique sont atteint de baroquisme. Les formes chantournées, précieuses, une certaine affectation vont marquées le XVI et le XVII en France, en Espagne en Italie. Les pays germaniques seront touchées avec des variantes propre chaque pays.

Le vendredi 10 Janvier 1676, le poème de Philippe Quinault mis en musique par Lully, Atys est créé devant le Roy et sa cour à St Germain en Laye. En avril1676, l’opéra remporte un succès sans précédent et cela jusqu’au printemps 1677. Atys était l’opéra préféré de Louis XIV, il sera joué, plagié jusqu’en 1754, puis le genre comme toutes les modes tomba en desuétude.En 1987 Atys retrouve les ors de l’opéra pour la célébration du bicentenaire de la mort de Lully.

Le théâtre n’échappe pas à cette exaspération des sentiments, à la surabondance de draperies somptueuses à l’emphase du verbe, le but est d’étonner, d’éblouir. Jean-Denis Monory chef de troupe, comédien, metteur en scène (tiens ça nous rappelle un certain Molière) nous propose un voyage passionnant en Baroquie ! La redécouverte du théâtre Baroque toute neuve et compte déjà de nombreux adeptes.
Le théâtre Baroque répond à des règles très précises dont nous vous livrons quelques clefs. Il pourrait se définir en quatre points :
La diction est une accentuation de la prononciation, les R sont roulés, les S pluriel sont prononcés, toutes les lettres sont dites et entendues, on parle du Roy et non du Roi. Certains y voient un parler paysan et d’autres Québécois. Que nenni ! Des historiens se sont penché sur cette particularité qui ne retranscrit en aucun cas la façon de s’exprimer des contemporains de La Bruyère mais était un pur code théâtral.

Les gestes, la position des jambes sont codifiés, exactement comme dans le Kathakali, certaines postures de mains appartiennent à la langue des signes.

Les costumes sont des reproductions aussi fidèle que possible, avec un souci du détail allant jusqu’à porter les dessous adéquats.

La lumière vient d’une rampe d’éclairage posée sur la scène reconstituant l’éclairage à la bougie, déterminant la durée des actes.
La fabrique théâtre s’est livré à un travail passionnant, il présente une exposition très bien faite et qui permet une première initiation, qui passionne toute les générations. Pour vous mettre en appétit, il faut commencer par le délicieux « Contez-moi, Monsieur Perrault… »

Jean-Denis Monory et Olivier Baumont ont eu l’idée de mélanger des musiques françaises pour clavecin et les contes de Charles Perrault. Olivier Baumont est l’immense musicien que l’on connaît et en l’occurrence il ne se contentera pas que de jouer Couperin, Lully, Dandrieu mais de participer au jeu avec les comédiens. Ségolène Van Der Straten et Julien Cigana vont nous conter La belle au bois dormant comme vous l’avez rarement entendue ! Les contes de Perrault ont traversé les siècles et l’Atlantique subissant moult transformations. Ainsi notre belle endormie a été relookée par Hollywood, et les américains toujours pressés ont transformé son sommeil centenaire en un fast dodo. Aux accords pincés du clavecin Aurore retrouve sa personnalité. Les enfants de tout âge sont enchantés d’entendre un conte très drôle et peu connu « les souhaits ridicules « et « Barbe bleue » ou l’herbe qui verdoye prend toute sa signification. Le spectacle est un enchantement et les codes du Baroque prennent pleinement leur sens dans la justification des mots, leur compréhension, la gestuelle est une véritable chorégraphie de l’espace.

Ségolène Van Der Straten angélique ou ogresse et Julien Cigana drôle et terrible sont excellents. Une réussite sans fausses notes qui donnent envie de voir d’autres spectacles, profiter des vacances pour venir avec vos enfants de 7 à 107 ans, ils en redemandent.

www.theatre-ranelagh.com

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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