Paris-Maison de la poésie du 8 au 17 mai 2009

Festival de poésie sonore

L’extension des particules du sens

Festival de poésie sonore

« Les mots savent de nous ce que nous ignorons d’eux » disait René Char - inventeur de festival (celui d’Avignon) - et qui, bousculant mots et syntaxe, sut si bien nommer l’innommable, fondement même et but ultime de la poésie, quel que soit l’atelier où elle se forge. Le mot tracé sur le papier, la note sur la partition, la couleur sur la toile, sont autant de fusées d’imaginaire dont la mission est d’aborder aux rives de l’inconnu et de l’inexprimable . Alliés, ils en repoussent plus loin les frontières, multiplient les particules du sens, agrandissent l’horizon, élargissent le champ de la beauté. Ce qui de toute évidence ne cessa de trotter dans la tête de Bernard Heidseck, Grand Prix national de la poésie, et de motiver ses créations. « Pour sortir la poésie des livres et la brancher sur le monde », il inventa, en 1955, la poésie sonore. Concept qui met en jeu la voix et le son, le verbe et l’outillage électro-acoustique.
Véritable polyglotte du langage artistique, Bernard Heidseck n’a jamais cessé de tisser ensemble les liens du verbe, du magnétophone et des arts plastiques, créant du même coup, un courant dont il reste à ce jour la figure emblématique et dont la fine fleur se fait voir et entendre, ces jours-ci, à la Maison de la poésie, au cours d’un Festival de poésie sonore, lequel, ça va de soi, commence en lui rendant un juste hommage.
D’une série de performances telles celles proposées par le portugais Alvaro Garcia de Zùniga, auteur, réalisateur, compositeur, aux sonnets de Shakespeare traduits par Pierre-Jean Jouve dans une réalisation de Claude Guerre, en passant par des objets scéniques et sonores autour du maître lettriste Isidore Isou ou pour mieux nouer le passé et le présent Aucassin et Nicolette (André Dion), des vidéos poèmes, des improvisations de slam et de violoncelle (Djiz et Vincent Courtois), toute une myriade d’œuvres inqualifiables puisque hors du convenu et des normes, la poésie « mêlée d’électronique, emmêlée de computeur », s’offre dans la diversité de ses états et ses éclats.
Alliage insolite de la matière la plus classique (Phèdre de Racine) et de la plus contemporaine, (la musique électroacoustique de David Jisse), de la narration et du paysage sonore, Le Projet Théramène, mis en scène par Jean Boillot et interprété par François Clavier, est dans le tohu-bohu des trente-trois manifestations programmées, une de celles qui permet au mieux d’appréhender les nuances et les richesses de ce qu’on appelle poésie sonore. Ce spectacle, accueilli à la Maison de la poésie, est à l’affiche du festival Extension du domaine de la note (28 avril-30 mai) proposé par La muse en circuit, centre national de création musicale dont David Jisse est le directeur. Chanteur, compositeur de musiques de scène et de films, d’œuvres électroacoustiques, il invente des formes qui, dit-il, ne ressemblent à rien d’autre qu’à son envie de transmettre et d’émouvoir.
Emouvoir, surprendre, décoiffer, trois verbes pour conjuguer un festival, celui de la poésie sonore. Il suffit d’écouter avec les yeux et de voir avec les oreilles.

Festival Poésie sonore #0 - Maison de la poésie du 8 au 17 mai - tel 01 44 54 53 00

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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