jusqu’au 30

WET° au Théâtre de L’Olympia à Tours

Un festival qui met demain au présent

WET° au Théâtre de L'Olympia à Tours

Directeur depuis janvier 2014 du Théâtre de L’Olympia, désormais et depuis janvier dernier, Centre Dramatique National de Tours, Jacques Vincey plutôt que de chambouler l’héritage de son prédécesseur s’emploie à le faire fructifier, ce qui dans la théâtrosphère publique relève d’une rare originalité. S’y ajoute la conviction « que demain s’écrit aujourd’hui », ce qui tombe bien puisqu’au CDN de Tours, le futur se forge au présent avec le Jeune Théâtre en Région Centre Val-de-Loire (JTRC), une structure qui permet à de jeunes comédiens techniciens issus des écoles nationales de théâtre et des conservatoires de Tours et d’Orléans de faire concrètement leurs premiers pas, et , du jeu en scène à l’animation d’ateliers, de cartes blanches en tournées régionales, d’explorer toutes les facettes de leur métier.
Soucieux de transmission autant que d’élargir le champ des propositions artistiques en offrant au public « ce qu’il ne sait pas encore qu’il désire », Jacques Vincey a imaginé un festival conçu comme une fenêtre ouverte sur des formes atypiques et en a confié les clés à l’équipe du Jeune Théâtre de la Région Centre.
Au programme de cette deuxième édition du WET° (Week-end Théâtre Olympia (28 au 30 avril) pilotée par le JTRC, pas moins de 9 spectacles « qui n’ont en commun que leur audace et leur impertinence » prévient Jacques Vincey pour qui leur choix « est le reflet de la complexité de ce que nous vivons et révèlent en même temps les lignes de force qui agitent aujourd’hui de la jeune création ».

C’est ainsi que Marion Siéfert, auteure performeuse qui s’intéresse aux bienfaits et méfaits des réseaux sociaux à travers son spectacle 2 ou 3 choses que je sais de vous , trace, entre réel et virtuel, le portrait intime et collectif des navigateurs de Facebook. Pour sa part Hugues Duchêne, passionné par la politique, a rassemblé ses camarades de promotion pour créer Le Roi sur sa couleur . Une pièce, dont il est l’auteur, mixée de réalité et de fiction, qu’il nomme « une romance d’aujourd’hui » et qui à travers l’histoire du non renouvellement du mandat d’Olivier Py à la tête du Théâtre de l’Odéon en 2011, examine avec un humour corrosif les rapports entre art et pouvoir. De son côté, histoire d’examiner où nous en sommes du rapport homme/ femme et « de la question toujours brûlante de l’égalité des droits », Lorraine de Sagazan revisite « librement » Maison de Poupée d’Ibsen en inversant les rôles. C’est le mari, Torvald qui reste à la maison tandis que sa femme Nora court après son épanouissement personnel et part conquérir le monde. Une version pour le moins « décoiffante » et dans laquelle, « la violence des rapports de domination dans le couple moderne éclate d’autant plus fort ».
Quant à l’équipe du JTRC, qui bien évidemment présente également un spectacle,

elle s’est inspirée des Malheurs de Sophie pour nous raconter sur le ton de la comédie, l’histoire de Truelle , une petite fille triste obsédée par la mort. Au programme encore de ce festival qui « déborde les cadres établis et interroge les notions d’émergence et de reconnaissance », venu de Belgique le Groupe Piletta Remix, qui avec Il faut sauver Mamie invite le public dans les coulisses d’une création radiophonique live. La Compagnie Discrète, elle, avec Play war allie l’art du mime, du son et de la vidéo pour catapulter deux soldats en pleine jungle et faire un clin d’œil à Buster Keaton en même temps qu’à Tex Avery. De son côté la Compagnie du 7è étage dont la démarche s’articule autour du burlesque, de l’improvisation et du mime, nous raconte la tragique histoire d’un enfant aux cheveux de feu et à l’insatiable appétit. Enfin, le collectif AOI, qui réunit Yann Métivier et Thomas Gonzalez qui ne sont pas des inconnus, revient à son auteur de prédilection Ivan Viripaev, avec Genèse N°2 . Servi magistralement par ces deux pointures que sont Claude Degliame et Geoffrey Carey, l’auteur y entreprend une ironique et déjantée récréation du monde.
C’est avec une carte blanche donnée au collectif Catastrophe que se terminera le Festival. Composé d’acteurs, de plasticiens, musiciens, chanteurs, chercheurs, ce groupe de trentenaires pour qui « puisque tout est fini tout est permis » affirme haut et fort en paroles, musique, danse, chansons, leur choix d’être joyeux et inventeront pour le 30, une ces « nuits jaillissantes » dont ils ont le secret.
Avec Wet° Jacques Vincey et le JTRC qui invitent le public à se mouiller, c’est-à-dire à être curieux, installent, en toute effervescente artistique, la nécessaire porosité entre l’Institution et la jeune création.

Au Théâtre de l’Olympia CDN de Tours du 28 au 30 avril Tel : 02 47 64 50 50

Photos « Deux ou trois chose que je sais de vous » ©Matthieu Bareyre, Maison de Poupée © J.Medelli, , l’équipe du JTR ©Marie Pétry.

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook