Sudden Théâtre - Paris
Vingt-sept remorques pleines de coton
Son poids d’ennui
Une pièce de Tennessee Williams rarement jouée, cela ne se refuse pas. Nous sommes dans le sud profond, un trou perdu du Mississipi. Ecrite en 1945, cette très courte pièce est comme un flash en trois temps. C’est le combat des grands et des petits. De l’Union des producteurs contre des fermiers solitaires. Meighan, un petit fermier, veut garder son indépendance. Un soir de canicule, il met le feu à l’égreneuse de coton de l’Union. Vicarro, le gérant, est bien obligé de sous-traiter l’égrenage de 27 remorques pleines de coton. Vicarro sait que Meighan est l’incendiaire. Le fermier lui envoie sa femme pour un arrangement sordide. La femme est une babydoll fatiguée, une ronde un peu nunuche qui sera toujours une victime. Véronique Widock, qui assure la mise en scène, a encombré le plateau inutilement. Une machine métallique, une sorte de compromis entre une égreneuse et la balancelle chère à toutes vérandas sudistes, trône au milieu, un mur de grillage et un rideau écru de part et d’autre représentent les autres lieux de la pièce. Olivier Comte interprète Meighan et Vicarro. Dans le rôle du fermier, il frôle le ridicule, comme dans une mauvaise caricature de film américain mal doublé. On n’y croit pas, même lorsqu’il resserre un boulon. Par contre, il donne à Vicarro une assurance qui ne correspond pas forcément au rôle. Lui faire interpréter les deux rôles est une mauvaise idée. Ioana Craciunescu, elle, parvient à nous convaincre, petit à petit, après nous avoir exaspéré au début.
Ce spectacle est un fiasco. Peut être sommes nous tombés un mauvais jour ? Nous lui accorderons donc le bénéfice du doute. Une salle vide, un public endormi ne portent pas les comédiens. Ce qui laisse tout de même au spectateur l’impression de décharger 27 remorques d’ennui.
Vingt-sept remorques pleines de coton, de Tennessee Williams. Mise en scène : Véronique Widock, avec Ioana Craciunescu et Olivier Comte. Sudden Théâtre (18°).
Tél : 01 42 62 35 00.