Requiem pour Louis Ier d’Espagne de José de Torres à la Chapelle royale du château de Versailles le 28 janvier

VICTOIRE VERSAILLAISE DU BAROQUE ESPAGNOL

Quand l’ensemble Los Elementos et les forces chorales de Versailles révèlent avec éclat des œuvres qui méritent amplement leur redécouverte.

VICTOIRE VERSAILLAISE DU BAROQUE ESPAGNOL

LA PROGRAMMATION MUSICALE DU CHÂTEAU DE VERSAILLES, que dirige l’entreprenant Laurent Brunner, se distingue avec ce concert à la Chapelle royale entièrement dédié au baroque espagnol. D’autant que la pièce principale, Misa de difuntos para las exequias de Luis I (Messe des défunts pour les obsèques de Louis Ier) marque l’anniversaire des 300 ans de la création de cette œuvre resplendissante, en février 1725 à la Chapelle royale… de Madrid. Cet imposant requiem à deux chœurs avait été composé par José de Torres (1670-1738) pour célébrer les funérailles de Louis Ier d’Espagne. Ce dernier a été un monarque éphémère, fils de Philippe V et mort à dix-sept ans (de la variole) après n’avoir régné que deux cents vingt-neuf jours. Quant à Torres, ce fut un musicien prolifique avec nombre d’œuvres religieuses mais aussi profanes et scéniques d’opéras et zarzuelas.

Sous la direction d’Alberto Miguélez Rouco devant son ensemble Los Elementos (que nous avions tant apprécié dans leur enregistrement de Venus y Adonis), le Chœur de l’Opéra royal, les jeunes Pages du Centre de musique baroque de Versailles et cinq solistes vocaux, l’œuvre est restituée d’une fougue réglée propre à servir au mieux ses séduisantes beautés musicales. La soprano Emmanuelle de Negri (particulièrement investie et que l’on avait déjà goûtée récemment dans Les Fêtes d’Hébé à l’Opéra-Comique), la mezzo Judith Subirana, le ténor Jacob Lawrence, la basse Lisandro Abadie et Miguélez Rouco lui-même comme alto, se combinent et s’épanchent en bel accord avec les parties chorales et les multiples timbres variés instrumentaux (comme les trompettes en sourdine en combinaison avec des flûtes, caractéristiques de la musique funèbre espagnole). Magnifique restitution !

Corselli et Nebra

La première partie de soirée fait place à une autre messe baroque espagnole, de Francisco Corselli (1705-1778) : Prosa de difuntos. Cette fois composée pour les funérailles de Philippe V (qui avait repris ses fonctions régnantes après le décès de son fils), en 1747 à Madrid. Autre œuvre attachante, d’un autre compositeur d’Espagne en son temps. Car Corselli, né Courcelle d’un père français, italianisé en Francesco Corselli à sa naissance en Italie, avait fait carrière à Madrid (hispanisant son prénom en Francisco).
Succède une sinfonia, cette fois de José de Nebra (1702-1768), utilisée comme ouverture de l’opéra Venus y Adonis dans l’enregistrement que nous avions salué. Intermède symphonique bienvenu entre les deux grandes ardentes pages chorales, d’une soirée musicale passionnante à plus d’un titre.

Illustration : Alberto Miguélez Rouco (photo dr)

José de Torres : Misa de difuntos para las exequias de Luis I, rey de España - Francisco Corselli : Prosa de difuntos - José de Nebra : Sinfonia. Emmanuelle de Negri (soprano), Judith Subirana (mezzo), Jacob Lawrence (ténor), Lisandro Abadie (basse), Alberto Miguélez Rouco (alto). Chœur de l’Opéra royal, les Pages du centre de musique baroque de Versailles, orchestre Los Elementos, dir. Alberto Miguélez Rouco. Chapelle royale du château de Versailles, 28 janvier.

A propos de l'auteur
Pierre-René Serna
Pierre-René Serna

Journaliste et musicographe, Pierre-René Serna entretient plusieurs activités paramusicales (organisation de colloques, rédaction de programmes de concerts et d’opéras, conférences, production d’émissions radiophoniques) et collabore à différents...

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