Un mois à la campagne d’Ivan Tourgueniev
Comédie de moeurs et drame des passions
Clément Hervieu-Léger propose Un mois à la Campagne (1850) de Tourgueniev, la pièce la plus connue du dramaturge qui fut victime de la censure lors de sa publication alors que sa mise en scène de La Cerisaie (1904) de Tchekhov est encore à l’affiche de La Comédie-Française. D’une pièce à l’autre, la filiation est évidente bien que cinquante ans plus tard, le point de vue soit différent. Tourgueniev se livre à une analyse fine de la passion amoureuse quand Tchekhov s’intéresse à la mutation pressentie de l’ancien monde.
L’orage qui gronde dans Un mois à la campagne annonce les perturbations sismiques qui vont bousculer un petit monde aristocratique qui ronronne dans la monotonie des jours. Il aura suffi de l’apparition d’Alexei (Louis Berthélémy), le jeune précepteur moscovite venu s’occuper de Kolia, le fils de Natalia Petrovna (Clémence Boué), pour que l’air s’embrase. Indifférente à son mari absorbé par ses nombreuses tâches, lassée de ses relations platoniques avec le trop gentil Rakitine (Stéphane Facco), Natalia est emportée par une passion très bovarienne pour le naïf et rêveur Alexei totalement inconscient de son charme ravageur qui atteint aussi la petite Vera (Juliette Léger), pupille de Natalia, la mère adoptive se retrouvant rivale de sa fille. Les convenances de cette société corsetée volent en éclats sous la pression du sentiment amoureux, réel, ou fantasme, fruit de l’ennui, démontrant ainsi l’impuissance des êtres aux prises avec la violence des émotions qui les dépassent.
Tourgueniev s’est peut-être souvenu des affres de sa passion inassouvie pour la cantatrice Pauline Viardot, ce qui ne l’empêchait pas d’être l’ami du mari. Il a d’ailleurs vécu dans l’enceinte de la propriété des Viardot.
La mise en scène de ce drame aux frontières du marivaudage et les costumes fleurent bon l’Italie de Goldoni, mais il lui manque l’expression de la profondeur et de la complexité des émotions qu’Alain Françon avait si bien évoquées en 2018, dans la même traduction élégante de Michel Vinaver.
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Un mois à la campagne d’Ivan Tourgueniev. Traduction Michel Vinaver. Mise en scène, Clément Hervieu-Léger. Scénographie, Aurélie Maestre. Avec Louis Berthélémy, Clémence Boué, Jean-Noël Brouté, Stéphane Facco, Isabelle Gardien, Juliette Léger, Guillaume Ravoire, Mireille Roussel, Daniel San Pedro, et en alternance Lucas Ponton, Martin Verhoeven et Nathan Goldsztejn
Collaboration artistique, Aurélien Hamard-Padis. Costumes, Caroline de Vivaise. Lumières, Alban Sauvé. Création sonore, Jean-Luc Ristord. A Paris, A l’Athénée-théâtre Louis Jouvet jusqu’au 4 février 2023.
www.athenee-theatre.com
Texte publié aux éditions de L’Arche
© Juliette Parisot
Tournée
Mardi 7 février, 20h30 : Théâtre en Dracénie, Draguignan
Jeudi 9, vendredi 10 février, 20h30 : Scène nationale d’Albi
Jeudi 16 février, 20h30 : Espace Marcel Carné, St Michel sur Orge
Mardi 28 février, 20h30 : Théâtre de Chartres
Vendredi 3, samedi 4 mars, à 14h30 et à 20h30 : Grand Théâtre de Calais
Mercredi 8 et jeudi 9 mars, 20h : Théâtre de Caen
Mercredi et jeudi 16 mars, 20h30 / Maison de la Culture d’Amiens
Mardi 21 mars, 20h : Forum de Flers
Jeudi 23 mars, 19h30 et vendredi 24 mars, 20h30 : La Coursive, La Rochelle
Mardi 28 mars, 20h : Théâtre de l’Olivier, Istres
Jeudi 30, vendredi 31 mars, 20h : Théâtre national de Nice
Jeudi 6 avril, 20h : Théâtre de l’Arsenal, Val de Reuil
Mardi 25 avril, 20h : Scène national du Sud Aquitain, Bayonne
