Paris - Théâtre du Châtelet - jusqu’au 21 septembre 2008
Tanguera
Cadences, muscles et volupté
La tangomania jette l’ancre sur les rives de la comédie musicale. Depuis une dizaine d’années cette danse née dans les bals populaires d’Argentine fait l’objet d’un véritable culte. Codée, syncopée, chaloupée elle est désormais enseignée à des nuées d’amateurs et fait salle comble chaque fois qu’elle programmée dans une salle de spectacles. Les magnifiques ensembles de musiciens et danseurs invités au Théâtre National de Chaillot durant le mandat d’Ariel Goldenberg remportèrent tous de véritables triomphes. La formule des « musicals » à l’américaine n’allait pas se priver d’un tel engouement. Et quand son origine arbore le label Buenos Aires le succès est assuré.
En ouverture de saison du Châtelet, Tanguera en réunit tous les ingrédients. Créée à Buenos Aires où elle tint l’affiche durant dix huit mois, la tragi-comédie musicale imaginée par les librettistes Diego Romay et Dolores Espeja a déjà navigué de par le monde et a fait escale à Shanghai, Miami, Madrid, Hambourg, Berlin.
Du premier au dernier tango à Buenos Aires
C’est une romance, un mélo, la triste et édifiante saga d’une jeune française qui débarque en Argentine à la recherche de l’âme sœur et d’un bien être qui fait défaut sur le vieux continent. Avec elle arrive une cohorte d’immigrés poussés par la faim et le goût de l’aventure. Sur les quais, dockers, curieux et mafieux les attendent. Au premier regard échangé, Giselle la jeune française et Lorenzo, le docker au grand cœur, tombent amoureux l’un de l’autre et dansent leur premier tango. Mais l’affreux Gaudencio, souteneur de son état, veille au grain et s’empare de la jeune fille pour la prostituer… Quelques tableaux plus loin – il y en a 9 au total – Lorenzo réussit à libérer sa belle avant de se faire descendre par les gros bras du bar à putes. Le temps de danser avec elle un dernier tango.
Chaque scène constitue un prétexte à danser jusqu’aux rixes athlétiques admirablement chorégraphiées par Mora Godoy, étoile incontournable des ballets argentins. Quelques « lyrics » commentent en chansons les actions. Tout est rapide et efficace dans la mise en scène de Omar Pacheco, les décors sculptés dans des lumières de fin du monde suggèrent en un clin d’œil les changements de lieux, les costumes alternent les noirs et rouges couleur tango avec les robes et les boas technicolor des filles de joie.
Gabriele Amalfitani, liane brune aussi flexible qu’un élastique
La troupe s’ébroue à l’américaine dans des ensembles parfaitement huilés sans le moindre accroc, sans le plus petit temps mort. ¨Pieds glissés, jambes lancées, corps renversés, les muscles sont au service de la volupté… Les vedettes, Gabriele Amalfitani, liane brune aussi flexible qu’un élastique, Esteban Domenichini, Oscar Martin Pey exécutent leurs solos sans écraser leurs partenaires et réservent à Maria Nieves, 70 printemps, sa juste part de poésie et d’émotion.
Seul regret : la sonorisation excessive des voix et des instruments qui fait croire parfois que tout se joue et se chante en play-back.
Tanguera, comédie musicale inspirée du tango argentin. Orchestre de Buenos Aires dirigé par Lisandro Adrover, avec, dans les rôles principaux Gabriela Amalfitani, Oscar Martinez Pey, Esteban Domenichini, Marianella, Maria Nieves en alternance avec Carla Chimento) Dabel Zanabria et vingt danseurs de tango. Une production de Diego Romay et Michael Brenner.
Théâtre du Châtelet jusqu’au 21 septembre à 20h
01 40 28 28 40 – www.chatelet-theatre.com
