Paquita de Pierre Delaup.

Un récit émouvant et énergique

Paquita de Pierre Delaup.

Au début du spectacle, la comédienne Marine Llado présente sa famille originaire d’Espagne et, en particulier, sa grand-tante Paquita, aujourd’hui âgée de 95 ans, qui a gardé son fort accent espagnol, passe ses journées en compagnie de son chien à tricoter des chaussettes en laine pour la Croix Rouge. Curieuse de connaître davantage l’histoire de son aïeule, elle presse la vieille dame, qui jusqu’à présent refusait de parler du passé, de raconter les circonstances de son départ d’Espagne et de son arrivée en France. Progressivement nous changeons d’époques et de lieux. Nous voilà plongés en pleine guerre d’Espagne. Paquita a 11 ans, elle vit avec les siens dans le petit village d’Amposta. Un jour de janvier 1939, le père, combattant républicain, revient et ordonne à toute la famille de partir sur le champ. Les troupes fascistes de Franco arrivent. Commence alors un long périple périlleux qui va conduire Paquita jusqu’ au camp d’Argelès en France
Marine Llado évoque avec beaucoup de vivacité et de conviction les différentes étapes, obstacles et dangers rencontrés par Paquita et les siens. La petite fille côtoie la mort lors des bombardements ou des mitraillages du convoi de la Croix Rouge qui l’a recueillie. Il faut fuir sans relâche. Paquita est séparée de ses parents et de ses deux sœurs et c’est seule qu’elle arrive au camp d’Argelès où elle découvre la vie cauchemardesque qui y règne avec la faim, la puanteur, l’insalubrité, la violence.
Le récit évoque aussi le parcours des parents, un oncle lointain et quelques personnes providentielles, comme monsieur Ducret sans qui Paquita ne pourrait pas raconter son histoire. Marine Llado change de voix pour incarner différentes personnes rencontrées par Paquita comme Alvaro, un homme bourru mais généreux, les femmes du camp d’Argelès aux propos crus. Ces quelques phrases dynamisent le récit et rendent les situations encore plus proches.
La mise en scène est dans l’ensemble efficace, grâce aux déplacements de la comédienne et quelques éléments de décor qui délimitent bien les espaces et clarifient la progression de l’histoire. Les effets sonores, les quelques paroles off jouent aussi un rôle important pour suggérer différentes ambiances.
Marine Llabo a choisi de poursuivre la transmission entreprise par Paquita auprès des siens, en élargissant l’auditoire. L’histoire particulière de sa grand-tante permet de nous remémorer cette période tragique de l’Histoire et l’exode de près de cinq-cent-mille Espagnols. Elle rappelle aussi, grâce à une interprétation émouvante et énergique, combien le chemin de l’exil est douloureux et dangereux.

Paquita de Pierre Delaup une idée originale de Marine Llado
Mise en scène : Pierre Delaup
Avec Marine Llado
Lumière : Xavier Hulot
Costumes : Claire Djemah Spa
Spatialisation sonore : Clément Vallon
Crédit photo : Jean-Paul Loyer
Durée du spectacle 1h10

Festival Off Avignon jusqu’au 29 juillet, 16h
Chapelle de Antonins/La Factory, 5 rue Figuière, 84000 Avignon

A propos de l'auteur
Brigitte Coutin
Brigitte Coutin

professeur de lettres modernes en lycée

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