One Song

Marathon de vie

One Song

La performance collective que signe Miet Warlop se reçoit d’abord comme telle : un exploit corporel et mental collectif. Selon le ressenti de chacun, on y percevra ou non une sorte de métaphore illustrant une façon de vivre dans nos sociétés occidentales.

Décor : une salle de sport avec des gradins et des espaces spécifiques à plusieurs disciplines. Participants : des sportifs sélectionnés et des amateurs supporters acharnés. Evénement : un endroit qui rassemble public et sportifs comme aux jeux olympiques où tout se déroule un peu partout simultanément. Déroulement : échauffement, préparation suivis de compétition en temps réel.

La pratique est diversifiée. La violoniste joue en équilibre sur une poutre. Le contrebassiste couché fait corps avec son instrument. Le batteur sprinte d’une caisse à l’autre. Le claviériste grimpe ou saute pour pianoter. Un groupe de supporters s’enflamme avec un enthousiasme exacerbé. Un comparse qui pratique aussi la marche sur tapis roulant interviendra pour un échange de pingpong.

Un pompom boy joue sa chorégraphie sémaphorique un peu partout avec acharnement. La coach, dotée d’une troisième jambe en cas de défaillance, mène le jeu au sommet avec son mégaphone tandis qu’un métronome manipulé par l’un ou l’autre impose des rythmes divers. Un drapeau flotte ou pend selon les caprices d’un vent artificiel et résume par ses couleurs celles d’éléments costumiers ou d’objets répartis sur le plateau.

La musique est une variable issue des pratiques des minimalistes américains les plus connus. Elle est garante que l’existence individuelle ou l’Histoire collective sont d’inévitables répétitions à mutations plus ou moins perceptibles mais infimes. Tout est réglé au cordeau, ballet où alternent les solos, les transes communes, les crescendos et decrescendos, les affrontements, les ralentis et les ruées. L’engagement corporel est complet, jusqu’à la saturation de la fatigue. Car ici, on n’interprète pas, on est.

Les intentions sont ambiguës. Elles suggèrent les pressions d’une société de productivité à outrances sur les travailleurs ainsi que sur le marketing, la course à l’abrutissement, l’énergie déployée pour se libérer des stress, l’agressivité des communautarismes, l’addiction à la mise en valeur de soi à n’importe quel prix, la violence en bordures de haines, la manipulation des masses, l’épuisement individuel au profit d’une utopique liberté collective. Assez loin finalement de l’onirique «  Mystery Magnet  » de 2014.

Festival Avignon In 2022, Cour du lycée St-Joseph 08>14 juillet 2022 22h Durée : 1h10

Tournée :
20-21/09/2022 Marseille Actoral
28-29/09 Douai Tandem
01>10/10 Gand [Be] NTGent
25>28/10 Berlin [D] Hebel am UferTheatrer
10/11 Rotterdam [Nl] Rotterdamse Schouwburg
18/11 Deinze [Be] CC Leietheater
26/11Strombeek [Be] Cultuurcentrum Strombeek Grimbergen
01-02/02/2023 Valence La Comédie
06-07 Amsterdam [Nl] Internationaal Theater
22/03 Turnhout [Be] Cultuurhuis De Warande
24-25 Anvers [Be] deSingel
28>31/03 Dijon Théâtre Dijon Bourgogne
06-07/04 Barcelone [E] Teatre Lliure

Avec : Simon Beeckaert, Kris Auman, Elisabeth Klinck, Willem Lenaerts, Milan Schudel, Melvin Slabbinck, Joppe Tanghe, Karin Tanghe, Wietse Tanghe
Participation : Imran Alam, Stanislas Bruynseels, Judith Engelen, Flora Van Canneyt
Musique : Maarten Van Cauwenberghe
Conception, direction, design : Miet Warlop
Texte : Miet Warlop
Conseil artistique : Jeroen Olyslaegers
Dramaturgie : Giacomo Bisordi
Assistanat dramaturgie : Kaatje De Geest
Lumières : Dennis Diels
Son : Bart Van Hoydonck
Costumes : Carol Piron

Production : NTGent, Miet Warlop, Irene Wool vzw
Co-production : Festival d’Avignon, DE SINGEL (Anvers [Be]), Tandem (Arras Douai), Théâtre Dijon Bourgogne, HAU Hebbel am Ufer (Berlin), La Comédie de Valence, Centre dramatique Drôme – Ardèche, Teatre Lliure (Barcelona [E])
Soutien : Flemish Government, City of Gent, Tax Shelter of the Belgian Federal Government
Aide : Frans Brood productions
Photo : One Song – Historiy/ies of Theatre IV, Miet Warlop 2022 © Christophe Raynaud de Lage /Festival d’Avignon

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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