Mon ami Roger de Philippe Avron

Du poétique au quotidien

Mon ami Roger de Philippe Avron

Dans ce texte très ciselé qui nous surprend parfois par son parler quotidien, Philippe Avron, très habile dans ses réflexions solitaires et souvent d’ordre métaphysique nous entraîne dans une balade où il distancie son discours en imaginant quelques fragments de vie du personnage « l’ami Roger ». Cela se déroule comme un ciel de traîne et se glisse jusqu’à nous et nous concernent avec pertinence.

Le plus étonnant dans cet écrit c’est le glissement progressif ou brutal du langage poétique au langage quotidien ; tout semble couler telle une rangée de domino glisser.

Toutefois il n’y a pas de recherche d’artifice. À la plume comme à la scène, Philippe Avron ignore la course à l’effet, il se livre spontanément sans pathos, parle, verbalise et s’engage. Sous des apparences terriblement juvéniles se cachent la sagesse et la réflexion d’u n homme mature apte à reproduire avec intelligence le monde quotidien qui prend alors avec Avron une dimension quasiment onirique. Ce qui fait également sa force : c’est l’aveu de ses doutes en exposant avec humour sa fragilité et celles des hommes.
Avec l’extrême charisme qui l’anime il s’auréole malgré lui d’une sorte « d’humanisme » qui nous entraîne vers une autre appréhension du monde.
Philippe Avron ne se pose pas en donneur d’idée ou en philosophe doctrinaire : Il se plante audacieusement ou discrètement sur les planches pour nous aider à accomplir ce que nous pourrions appeler en quelque sorte nos « humanités ».
Dans le monologue « Mon ami Roger » il y a tout cela, mais il nous faut tout de même faire un petit effort pour comprendre où se glisser, si ce n‘est que par son propre imaginaire, dans l’angle de vue où se positionne l’observation cruelle et parfois tendre de ce grand poète qu’est et que restera Philippe Avron. S’il n’obtient pas cette éternité il aura contribué à ce que chacun de nous comprenne avec vigilance, mais aussi avec bonheur dans quels labyrinthes nous vivons.

Allez ! Merci l’ami Roger !...
Et puis chacun sait qu’une œuvre d’art s’intègre insidieusement dans notre sensibilité et qu’elle est formatrice. ( Avec le menu du jour, vous venez d’avoir aujourd’hui, la phrase du jour ! )

Mais pour apporter du concret à cette observation citons Philippe Avron à partir de son livre - Il y a un déporté qui m’a dit : « Ce qui m’a aidé dans les camps, ce ne sont pas les souvenirs de famille, ce sont des choses que j’avais été seul à voir, comme l’ombre d’un pommier ou la démarche hésitante d’un chien… ».

« Mon ami Roger » de Philippe Avron - Chez Actes Sud-Papiers, Mai 2008.

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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