Macbeth de William Shakespeare,

"Le Mythe Macbeth ou le syndrome du mal-Etre"

Macbeth de William Shakespeare,

Belle analyse d’un personnage mythique en la personne de Macbeth qui nous est servi non pas sur un canapé mais sur un plateau d’argent par notre première dame de France du théâtre : Ariane Mnouchkine.

On trouve naturellement dans ce spectacle tous les ingrédients habituels ( Le terme n’est pas à prendre au sens répétitif ) mais dans le sens d’une synthèse, d’un inventaire en quelque sorte des enrichissements qui se sont accumulés au fur et à mesure de la carrière d’Ariane Mnouchkine. Loin de s’être laisser enfermée dans un style, même si la facture scénographique reste fidèle à « sa patte », au dire du bobo de la culture, elle aurait pu, portée par un public dont la fidélisation est de plus en plus rassurante, laisser galoper ses chevaux de bataille dans la prairie de l’ auto-satisfaction. Mais, comme les gens intelligents n’ont rien à prouver afin de pouvoir galoper sans contrainte, Ariane nous entraîne dans sa course aux images enivrantes en nous traitant plus comme des spectateurs mais comme des personnages actants dans l’histoire. Ainsi nous voilà compromis, intégrés voir complices de l’aliénation morbide de Macbeth qui s’enlise peu à peu dans une criminalité quasiment compulsive…
Ainsi cette grande dame intuitive et expérimentée est peut-être en train de nous faire découvrir une forme théâtrale que l’on pourrait maladroitement définir par le terme de « distanciation impliquante » ce qui nous permettrait de lâcher un peu Brecht tout en lui disant bonjour.

Cette approche autorise alors certains artifices qui permettent d’aborder des contradictions dramaturgiques qui autorisent ainsi dans cette mise en scène à traduire le laid ( la cruauté fatale dans le monde de Macbeth) par une esthétique scénique qui nous offre à voir du beau par sa facture.

A propos de beau on peut aussi s’attarder sur la beauté de la traduction du metteur en scène même. Elle a su garder et traduire les images au-delà des mots grâce à sa sensibilité et sa sensibilisation à la langue anglaise. La tâche n’est pas facile parce l’auteur nous offre pour chaque idée ou action un nuancier excessivement sensible.

On s’accorderait bien la modeste permission de définir le travail du théâtre du Soleil quant à la présentation de cette œuvre mais les mots restent faibles pour traduire l’émotion vécue à l’écoute et à la vue de cette captivante et séduisante orchestration où solistes, chœurs, silhouettes, machinos techniciens, collaborateurs cachés dans l’anonymat du bar, terre d’asile, qui vous retient dans une aube artificielle due à son éclairage maison ; la tête encore joyeusement embrumée par les sons créés en direct sur le plateau par Jean-Jacques Lemêtre, musicien magicien qui ferait même chanter une poignée de cailloux.

Mais il est temps de fermer le temple en se laissant bercer jusqu’au dehors la tête encore toute balancée d’images sous l’œil bienveillant, discret, prudent mais présent des attachées de la relation au public.

Parole difficile pour nous quidams, qui nous demandons encore comment trouver le mot de la fin pour être à la hauteur de ce cantique collectif qui restera en vous en résonnance aussi avec le monde extérieur qui nous étouffe et nous cerne avec ses images peut-être encore plus violentes que celles de la pièce…

Merci encore Ariane à toi et à toute ton équipe.

N.B :

 Si l’on veut approfondir sa réflexion sur le travail d’Ariane Mnouchkine on peut se référer à cette série d’articles parus dans « Travail Théâtral* qui nous rapportent divers entretiens spontanés avec Ariane Mnouckhine animés par Denis Bablet, Emile Copfermann et Fançoise Kourilsky : *Travail théâtre N°2 – 1971 . N°8 – 1972 . N° 28 et 29 de 1975.

 Par ailleurs on profite de l’engouement porté actuellement sur Shakespeare pour signaler l’édition de toute une série de films couvrant pratiquement la totalité de l’œuvre de l’auteur. Actuellement la collection complète propose plus de 6 coffrets de 5 DVD chacun ? C’est un excellent outil de travail qui permet de revisiter l’œuvre de ce grand dramaturge avec précision, minutie, en conséquence avec émotion. Ici la technique est au service la scène, c’est loin d’être du théâtre filmé mais un travail spécifique de la part des acteurs et techniciens de la BBC qui jouant du plateau, du jeu de l’acteur, de la camera et du montage.

A remarquer et à acquérir aux éditions Montparnasse. Tél : 01 56 53 56 66.
« Le Mythe Macbeth ou le syndrome du mal-Etre » par le Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes. Jusqu’au 13 Juillet et reprise le 7 Octobre.
http://www.theatre-du-soleil.fr

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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