Les égarés du Chaco d’après Adolfo Costa du Rels

On connait déjà bien l’efficacité et l’intelligence discrète de ce metteur en scène aguerri qu’est Jean Paul Wenzel à qui l’on doit prés d’une quarantaine de créations avec sa collaboratrice Arlette Namiand qui dirige avec lui la compagnie « Dorénavant » depuis 2003.
J.P Wenzel connait bien le mécanisme de l’écriture puisque lui-même est auteur d’une vingtaine de pièces toutes éditées dans les plus grandes maisons d’éditions. Etant également formateur, auprès des comédiens apprentis ou professionnels, toutes ses expériences s’enrichissent dans une dynamique interne dont il garde discrètement le secret ( ou « le sacré », lapsus qui nous guette !) afin de nous surprendre par les déchirures et les inattendus dramaturgiques qu’il sait très bien maitriser pour être constamment sur le fil de la vérité théâtrale dont il se fait probablement un honneur de tendre pour y jouer sans prétention et sans complaisance « la démonstration », terme emprunté à Michel Bouquet.
La pièce qu’il nous présente au Théâtre du Soleil : « Les égarés du Chaco » est une adaptation d’un roman du Bolivien Adolfo Costa du Rels dont on doit l’adaptation à la scène à Arlette Namiand.
C’est en quelque sorte un conte/poético/politico/philosophique qui nous met en découpage toute l’anatomie du phénomène comportemental de l’être humain face à sa perte fatale, évidemment très ancestrale, dont l’échéance est soutenable que par le rêve et l’utopie. Comment un groupe de soldats Boliviens, en pleine guerre du Chaco entre la Bolivie e t le Paraguay (1932- 1935) dispersé dans une nature hostile va résister au manque d’eau et bien d’autre chose.
Le texte évolue dans une double facture scénographique qui propose une horizontalité correspondant à un glissement vers la mort ( image du gisant ) et une verticalité qui aspire vers l’espoir, la paix c’est-à-dire l’accès à l’eau vitale et bienfaitrice. On pourrait alors s’attarder sur tous les signifiants de cette option et les faire ressurgir à la mémoire de ce spectacle qui cache quelque par, très discrètement une sorte de rituel auquel participe bien intérieurement un public apparemment très diversifié.
On trouve dans cette proposition une sorte de parenté avec la violence des textes d’Edward Bond bien qu’ils soient moins extériorisés dans la création de J.P Wenzel.
C’est pourquoi le travail de JP Wenzel est plein de respect et qu’il échappe à toute complaisance provocatrice. Ainsi le message s’approche de nous… nous apprivoise et…finit par nous habiter.
« Les égarés du Chaco » à l’invitation du théâtre du Soleil. Mise en scène Jean-Paul Wenzel. Adaptation : Arlette Namiand.
Au Théâtre de l’Epée de Bois jusqu’au 19 Octobre 2014 et tournées à suivre tel : 01 48 08 39 74