Les Vagues, d’après Virginia Woolf

• Publié par Jean Chollet
• 14 octobre 2010
• Critiques
• Théâtre
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C’est l’une des œuvres majeures de l’écrivain anglais Virginia Woolf, publiée en 1931. Un roman singulier à la conception originale, pour lequel elle préférait l’appellation “play-poem” (poème-jeu) qui reflète davantage la forme de cette création littéraire, sans actions, ni dialogues. Une longue suite de soliloques intérieurs portés par six personnages. Trois femmes Jinny, Rhoda, Suzanne, et trois hommes, Bernard, Neville et Louis, dont les personnalités et les pensées se découvrent de l’enfance à l’âge mûr et jusqu’aux portes de la vieillesse. Avec parfois une mise en relation avec la nature, dont le rythme accompagne les espoirs et les sentiments, les doutes et les tourments, d’êtres qui "s’entrelacent mutuellement" pour exprimer les mouvances de la conscience humaine et la difficulté de l’accomplissement de la vie.

Double Je

A partir de la traduction de Marguerite Yourcenar, qui évoquait “ une biographie de l’être ”, Marie-Christine Soma a effectué une fine adaptation de cette mise à nu poétique des âmes.
Dans un espace aéré, recoupé de panneaux tour à tour translucides ou transparents (Mathieu Lorry - Dupuy) sous les variations de lumière (Anne Vaglio) et avec de discrètes vidéos (Raymonde Couvreu), sa mise en scène restitue de manière sensorielle les accents, les troubles, la temporalité et la poésie portés par l’écriture, comme autant de flux et de reflux de vagues d’un flot existentiel, dont elle articule avec lisibilité la perception et le sens. Chacun des personnages est interprété par deux comédiens de génération différente, répondant respectivement aux périodes de vie évoquées par Virginia Woolf. Avec une densité tour à tour émouvante ou ironique, ils reflètent dans leurs expressions nuancées les différentes strates de la condition humaine. Tous contribuent, dans leurs différents registres et la fluidité de leurs croisements, à rendre sensible et pénétrante cette immersion envoûtante dans un voyage mental hors du commun, dont les images resteront longtemps en mémoire. Le spectacle a été créé en 2010 au Studio-Théâtre de Vitry, dont l’espace et la jauge limitée offrait un rapport de proximité particulièrement bénéfique à cette magistrale représentation théâtrale, brièvement programmée et dont on se réjouit de cette reprise au petit théâtre de la Colline.

Les Vagues, d’après le roman de Virginia Woolf, traduction Marguerite Yourcenar, adaptation et mise en scène Marie-Christine Soma, avec Marion Baché, Anne Baudoux, Valentine Carette, Frédérique Duchêne, Jany Gastaldi, Jean - Damien Barbin, François Clavier, Jean-Charles Clichet, Jean-Paul Delore, Antoine Kahan, Alexandre Palllu. Scénographie Mathieu Lorry - Dupuy, lumière Anne Vaglio, costumes Sabine Siegwalt, vidéo Raymonde Couvreu.
Durée : 3 heures 15 sans entracte.
Théâtre de la Colline. Du mercredi au samedi à 20h, mardi à 19h, dimanche à 16h.
www.colline.fr