Les Filles aux mains jaunes de Michel Bellier
14-18 : derrière le front, les "obusettes"
Les Filles aux mains jaunes de Michel Bellier
Guerre de 14-18 : la révolte des « obusettes »
Elles ont les mains jaunes, ces ouvrières, parce qu’elles manipulaient du tabac. Mais, les voilà, quand l’effort de guerre s’annonce en 1914, devenues les petites mains de l’armement national. « Obusettes », elles fabriquent des obus, à un rythme qui devient de plus en plus éprouvant. L’Etat-Major a besoin de quoi nourrir ses canons, pour mieux mener des offensives stupidement conçues. Elles sont quatre qui s’entendent bien en n’étant pas d’accord. L’une d’elles, journaliste qui continue à écrire dans un journal féminin, sème le doute. Ne sont-elles pas exploitées ? Les femmes ne sont-elles pas le dernier échelon d’une société française qui ne leur donne pas le droit de vote (t n’est pas prêt de le leur accorder ? Certaines résistent, marquées par les traditions et la propagande. Mais la camaraderie ouvre les yeux. Obusettes, elles deviendront suffragettes, donc féministes.
Michel Bellier met en lumière et en perspective un moment de notre Histoire plutôt méconnu. Ce type de lutte contre l’oubli est passionnant. La pièce de Bellier mène bien sa généreuse trajectoire, avec une connaissance savante des faits et surtout un art de la petite touche humaine qui dit en une seconde l’essentiel. Les quatre comédiennes, Brigitte Faure, Anna Mihalcea, Pamela Ravassard et Elisabeth Ventura, trouvent l’harmonie des différences, avec une pâte humaine attachante et même bouleversante. La mise en scène de Johanna Boyé, dans un décor unique d’Olivier Prost, fait disparaître tous ces détails concrets qui semblent utiles et sont en fait encombrants ; elle épure tout, et c’est, à tout moment, poignant.
Les Femmes aux mains jaunes de Michel Bellier, mise en scène Johanna Boyé, costumes de Marion Rebmann, univers sonore de Mehdi Bourayou, lumières de Cyril Manetta, scénographie d’Olivier Prost, avec Brigitte Faure, Anna Mihalcea, Pamela Ravassard, Elisabeth Ventura.
Festival d’Avignon off : Théâtre Actuel, 12 h 05, jusqu’au 28 juillet. (Durée : 1 15).
Photo Fabienne Rappeeau.