Le voyage, la douceur et la fête

Pour ce nouvel opus des Voix du Monde, Angers-Nantes Opéra présente « Les Chemins qui montent », donné par Amel Brahim-Djelloul et ses cinq musiciens.

Le voyage, la douceur et la fête

C’EST EN HOMMAGE à son pays d’origine qu’Amel Brahim-Djelloul a entrepris la création de ce programme, mâtiné de poésie, de passion et de couleurs. Le public nantais est transporté dans une soirée kabyle, où douceur, vérité et fête se côtoient, évidemment. La Kabylie n’est pourtant pas la région d’origine de la soprano, née à Alger. Elle a donc dû travailler pour comprendre, s’approprier et prononcer correctement ces textes et chansons du patrimoine algérien. Ce répertoire atypique, principalement composé de reprises d’Idir, de Djamel Allam et de chansons nouvelles de Thomas Keck sur des textes du poète Rezki Rabia, mêle ambiances de fête, chants religieux, poèmes métaphoriques, recueillement du deuil et ode à la vie.

La voix de la soprano est tendre, pure et de velours. Bien que dans un registre de chansons, on entend ici et là des accents lyriques et des moyens vocaux, retenus à dessein pour coller au répertoire du soir. L’accompagnement des cinq musiciens – violon, contrebasse, guitare, ney (flûte traditionnelle), et percussions – est parfaitement en place, et les chansons, les unes après les autres, sont maîtrisées et rodées. On aimerait même que la bride soit lâchée, pour laisser la musique et l’improvisation vivre davantage. Et il aura fallu une chanson de Keck-Rabia consacrée à la fête pour animer un public jusqu’ici bien timide, et embraser le Théâtre Graslin, peu habitué aux battues sonores de rythme, aux youyous et aux viva !

On goûte ce soir la simplicité et l’authenticité d’un concert rafraîchissant, mené avec panache par Amel Brahim-Djelloul, inspirée, lumineuse et généreuse devant ce Théâtre Graslin qu’elle connaît bien : la Franco-Algérienne y a fait ses débuts en Suzanne dans Les Noces de Figaro, et Gabrielle dans La Vie parisienne.

Il y a dans ces Voix du Monde le plaisir de la surprise, du pas de côté et du voyage. Et l’on se conforte à l’idée qu’une salle d’opéra excelle à élargir son spectre, aussi bien temporel que géographique.

Illustration : Amel Brahim-Djelloul (photo Patrick Fouque)

Voix du Monde : « Les Chemins qui montent », chants de Kabylie par Amel Brahim-Djelloul. Avec Misja Fitzgerald-Michel (guitare), Rachid Brahim-Djelloul (violon), Adrien Espinouze (ney), Damien Varaillon (contrebasse), Dahmane Khalfa (percussions). Avec le soutien de l’Adami, en partenariat avec La Soufflerie de Rezé. Nantes, Théâtre Graslin, 16 novembre 2022. Concert redonné au Grand Théâtre d’Angers le 30 novembre à 20h.

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Quentin Laurens

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