Le songe d’une nuit d’été, d’après William Shakespeare
Une version moderne, déjantée et réussie du Songe d’une nuit d’été
Le metteur en scène Jean-Michel d’Hoop et la compagnie Point Zéro proposent une version plus courte et modernisée du Songe d’une nuit d’été. La comédie de Shakespeare offre un lieu et des jeux amoureux propices à l’inventivité la plus débridée.
Hermia refuse d’épouser Démétrius que lui impose son père car elle aime Lysandre. Les deux amoureux s’enfuient d’Athènes et se retrouvent dans la forêt, poursuivis par Démétrius et Héléna, l’amoureuse éconduite par Démétrius. Dans ces bois vivent des créatures féériques, elfes, fées transgenres, fleurs au pouvoir magique qui sèment la pagaille dans les relations amoureuses. L’entrée en scène de Puck en lutin androgyne, et d’ Obéron, roi des fées en drag dansant sur de la musique électro, invitent à la désinhibition. La forêt magique facilite la libération des désirs et l’exploration des identités de genre que les marionnettes représentent parfaitement par leurs aspects et les changements indifférents de marionnettistes. Cette adaptation prend aussi des accents féministes avec quelques répliques d’Hermia et de la duchesse d’Athènes qui dénoncent les lois machistes qui les asservissent.
Les marionnettes sont essentielles pour créer cette ambiance décalée. Puck en bas résille, Titania en drag-queen, robe et talons à plateforme vert fluo, fées habillées de cuir et de latex, tout un univers underground se met en place dans cette forêt enchantée. La petite taille pour le couple ducal et le père décrédibilise leurs propos avec beaucoup de dérision. La représentation de Pyrame et Thisbé est particulièrement amusante en s’appuyant sur le comique des clowns. Les scènes s’enchainent avec rapidité grâce à la dextérité des marionnettistes dans les changements de personnages. Par leur maîtrise des manipulations et la qualité indéniable de leur jeu, les comédiens se confondent parfaitement avec les marionnettes.
Cette forme modernisée et surprenante par le choix des marionnettes à taille humaine n’oublie pas l’œuvre de Shakespeare. D’une part, nous retrouvons quelques passages du texte original qui renforce le caractère déjanté de cette version par le contraste avec le langage contemporain et, d’autre part, le travestissement est présent comme dans de nombreuses pièces du dramaturge. On pense notamment à La Nuit des rois et à la jeune Viola, qui prend l’apparence d’un jeune homme, alors qu’elle était est elle-même jouée par un jeune homme puisque le théâtre élisabéthain interdisait aux femmes de monter sur scène. Une mise en abyme parfaite de l’illusion théâtrale confortée par l’utilisation de marionnettes dont les membres inférieurs sont les jambes de leurs manipulateur-trices.
Jean-Michel d’Hoop et la compagnie Point Zéro nous offre un spectacle inventif, festif et drôle qui aborde des sujets contemporains avec une grande liberté et une créativité sans limite.
Le Songe d’une nuit d’été, adapté et mis en scène par Jean-Michel d’Hoop
Assistanat à la mise en scène : Lucile Vignolles
Avec : Ahmed Ayed, Adrien de Biasi, Soazig De Staercke, Yannick Duret, Fabrice Rodriguez, Amber Kemp, Héloïse Meire, Simon Wauters
Musique : Boris Gronemberger
Marionnettes et masques : Loïc Nebreda assisté par Isis Hauben, Maël Christyn, Ségolène Denis Stagiaire marionnettes : Garance Bancel
Scénographie : Olivier Wiame assisté par Olivia Sprumont
Costumes : Camille Collin Confection costumes : Cinzia Derom Stagiaire costumes : Evy Demotte Lumières : Xavier Lauwers
Chorégraphie : Jérôme Louis
Construction décor : Vincent Rutten
Crédits photo : Debby Termonia & Véronique Vercheva
Festival OFF Avignon : jusqu’au 26 juillet 2023 à 22H10
11 • Avignon, 11 bd Raspail - Avignon https://www.11avignon.com
Durée du Spectacle : 1h40