Paris, Petit Théâtre de Paris

Le paquet de Philippe Claudel

Sans grande consistance

Le paquet de Philippe Claudel

C’est un petit bonhomme rondouillard, qui ne paie pas de mine dans ses vêtements fatigués. Durant quelques instants, il fait illusion en racontant sa vie d’homme comblé, toujours entouré de mille connaissances qui s’arrachent sa compagnie. Mais, très vite (trop vite…) on a compris : ce quinquagénaire passe-partout s’invente mille vies pour ne pas sombrer, pour ne pas être définitivement accablé par une réalité sinistre. Il n’est aucun des hommes à l’existence flamboyante qu’il prétend incarner. Seul au monde, désespérément seul, il n’a pour compagnon qu’un énorme baluchon, masse inerte sans vraie consistance qu’il traîne à ses côtés… Évidemment, on aimerait s’attacher durablement à ce personnage né sous la plume de Philippe Claudel, romancier légitimement reconnu pour sa capacité à installer un univers, dans Les Âmes grises ou Le Rapport de Brodbeck. Mais à quoi se raccrocher ? Malheureusement pas à ces quelques petites minutes finales, bien trop tardives pour effacer le sentiment d’inconsistance qui se dégage du texte. Parfois, le spectateur caresse l’espoir que l’auteur –qui signe une deuxième pièce, guère plus réussie que la précédente,Parle moi d’amour, avec Michel Leeb et Caroline Sihol- va sublimer cette écriture du quotidien et l’entraîner dans le vertige de l’angoisse, mais tout ici est trop plat, presque trivial, pour faire naître un trouble existentiel durable. En combattant loyal, Gérard Jugnot défend comme il peut ce monologue écrit spécialement à son intention. Au cinéma, le comédien a toujours brillé dans les emplois de « monsieur tout le monde », nettement plus complexe que ne le suggère leur apparence sans relief. Mais, si vaillant soit-il, l’ancien compère de la troupe du Splendid ne peut pas transformer en pièce puissante une gentillette accumulation de poncifs et de souvenirs assez insignifiants. Il ne mégote pourtant pas son énergie pour séduire un public qui ne trouve certainement pas la nourriture comique qu’il était venu chercher. Et comme les spectateurs en quête d’émotions vraies restent sacrément sur leur faim, ce spectacle laisse une forte impression de déception. Comme si ce volumineux paquet ne renfermait que des plumes ou du sable…

Le paquet de Philippe Claudel, mise en scène de l’auteur. Avec Gérard Jugnot. Costume : Martine Rapin. Lumières : Jérôme Almeras. Petit Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris 9e. Du mardi au samedi à 21 h. Samedi à 17 h. Durée : 1 h 30. Tél : 01 42 80 01 81. Texte publié aux Editions Stock Théâtre.

A propos de l'auteur
Bruno Bouvet

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