Le film Cunningham d’Alla Kovgan
Une biographie en images
Les spectateurs qui ont vu danser le chorégraphe américain Merce Cunningham (1919-2OO9) jeune sont de moins en moins nombreux, et pour cause…
Ce pape de la « modern dance » a sans doute interprété ses pièces à un âge avancé, à plus de 70 ans, jamais ridicule, dramatiquement fascinant, malgré les dégâts de l’arthrose, mais il n ‘y avait rien de comparable avec le danseur magnifique de ses débuts jugé par certains aux Etats-Unis, « le plus grand avec Fred Astaire et Margot Fonteyn ».
Le film en trois D « Cunningham »de la réalisatrice russe Alla Kovgan qui est sorti en salle en France en début d’année 2020, est pour cela à voir, car il donne une idée de la virtuosité exceptionnelle du jeune Cunningham-danseur dans la période allant de 1942 à 1972, tout en comprenant ce qui fait la singularité radicale de Cunningham-chorégraphe.
Alla Kovgan a utilisé pour son propos les images et films d’archives de sa compagnie qui montrent Cunningham dansant, travaillant dans le silence avec ses danseurs, s’expliquant aussi, grâce à des cassettes inédites retrouvées, sur sa démarche, sur sa relation avec des créateurs d’autres disciplines, en tête le compositeur et compagnon John Cage, le musicien David Tudor etc … et les plasticiens comme Robert Rauschenberg et ensuite notamment Andy Warhol.
On le voit à ses débuts répétant dans un modeste studio de New York dont le plafond laisse passer la pluie. L’accueil aux Etats Unis où la troupe se déplace en combi Volkswagen, n’est pas encourageant. La musique de Cage utilisant le hasard comme méthode de composition (musique que les danseurs découvrent au moment du spectacle) et la récupération pour les décors par Rauschenberg d’objets de rebus, décoiffent les spectateurs contemporains.
Sans oublier, ce que la technique élaborée petit à petit par Cunningham (libération du corps et des membres, avec comme axe le mouvement sur la colonne vertébrale) a de nouveau, allant dans le sens d’une redistribution des forces, des espaces, des géométries, des structures pour arriver à une danse libérée de l’argument narratif. Certains des premiers danseurs de la compagnie que l’on découvre dans les films d’archives , ont été aussi interrogés et témoignent de leurs expériences en voix off Bref, un ensemble qui bouleverse la vision du spectateur.
Photo : unifrance .org