Théâtre de l’Est Parisien, puis tournée

Le Bonheur du vent

Telle mère, telle fille

Le Bonheur du vent

L’idée est excellente. "Cette pièce est librement inspirée de la vie et des lettres de Calamity Jane", explique Catherine Anne qui en signe la mise en scène. Rien à voir, cependant, avec ce que l’on sait communément de la légende de ce hors-la-loi en jupon qui reste l’une des grandes figures du far-west. Ce dont il est question ici, c’est de la relation entre une mère et son enfant.
La fille de Jane vient de naître et celle-ci se découvre des trésors d’amour que sa réputation ne laissait pas supposer. Mais elle ne tarde pas à comprendre que la vie qu’elle mène n’est guère favorable à l’épanouissement d’un enfant. Elle se résout donc à l’abandonner à un couple fortuné dont elle connaît la loyauté. Bien que celui-ci s’acquitte parfaitement de sa tache, la mère adoptive ne parvient pas à se libérer de la jalousie qui la ronge à l’égard de l’autre, la vraie mère. Longtemps après la disparition de la mère adoptive, son mari consent finalement à organiser les retrouvailles entre celle qui est devenue une intrépide jeune fille - bon sang ne saurait mentir - et celle qui, en dépit des apparences, ne l’a jamais oubliée.
Ce résumé pataud ne traduit cependant pas toute la finesse et l’émotion de la pièce que Catherine Anne a concoctée d’une plume juste et précise. Quel sujet plus important et universel, il est vrai, que l’amour maternel. À plus forte raison, lorsqu’il est abordé au travers de personnages qui, en dépit de leurs contradictions, ne renoncent jamais à leur droiture, leur intégrité morale. C’est avec discernement qu’elle a ainsi pioché dans les lettres de Calamity Jane, si simples et bouleversantes.

On émettra cependant quelques réserves sur sa mise en scène. Elle fait d’abord le choix du plateau nu, utilisant simplement quelques rideaux discrets. Du coup, les comédiens se sentent un peu perdus dans ce vaste espace, ne correspondant guère à l’intimité du propos, et sa propension à les faire courir ne diminue en rien cette impression. Mais surtout, elle les pousse à la déclamation, alors que l’intensité avec laquelle ils abordent leur personnage montre bien qu’un peu plus de sobriété n’aurait pas nuit au relief général des scènes. On l’aura compris : cette réserve ne vaut que par l’exigence que l’on est tenté d’exprimer à l’égard d’un travail hautement estimable. Ce Bonheur du vent nous parle au cœur, c’est bien l’essentiel.

Le Bonheur du vent, texte et mise en scène de Catherine Anne, avec Thierry Belnet, Chloé Dabert, Marie-Armelle Deguy, Xavier de Guillebon et Fabienne Luchetti. Théâtre de l’Est Parisien, les samedis 13, 20 et 27 novembre, à 19h. Tél : 01 43 64 80 80. CDN Dijon Bourgogne, du 16 au 19 novembre. Tél : 03 80 68 47 47. Théâtre Firmin Gémier d’Antony, le 30 novembre : Tél : 01 42 37 31 19. Théâtre de la Croix Rousse, à Lyon, du 3 au 11 décembre. Tél : 04 72 07 49 50. Théâtre de l’Union, à Reims, du 14 au 16 décembre. Tél : 05 55 79 74 79.

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Stéphane Bugat

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