La valse d’Icare de Nicolas Devort

Seul en scène, entre Caubère et Fregoli

La valse d'Icare de Nicolas Devort

Icare doit son nom à la passion de son père pour les maquettes d’avion, drôle de papa qui donne à son fils le nom de celui-là qui se brûla les ailes au soleil. Nicolas Devort brosse le portrait touchant d’un qui a cru aux mirages scintillants du showbiz, et qui s’est brûlé les ailes à la chaleur des sunlights. Manipulé par des producteurs sans scrupules, le chanteur a délaissé son associé le brave Silver, pas très futé mais un type intègre. Il ne lui promettait pas d’être une star mais lui proposait une carrière honnête. C’est ainsi qu’Icare a perdu son âme, sa santé et sa famille jusqu’à ce que l’accident de son fils le réveille de son rêve devenu cauchemar et lui remette les pieds sur terre. Le récit est rétrospectif, Icare raconte son histoire à son fils dans le coma. Etrange prétexte dramaturgique d’une charge bien lourde par rapport au projet. Le spectacle est moins réussi que le précédent, Dans la peau de Cyrano (voir l’article sur Webtheatre) car le propos est ici attendu ; l’auteur déroule les avatars et rebondissements d’une carrière de chanteur depuis la scène locale jusqu’aux scènes internationales avec son lots de conflits, de tentations diverses pour tenir le coup, d’épuisement. Néanmoins, Nicolas Devort tire joliment son épingle du jeu grâce à son grand talent pour jouer tous les personnages, et ils sont nombreux ; véritable Fregoli théâtral, il se transforme en un clin d’œil, le temps d’une pirouette, avec une précision saisissante. Comme dans Cyrano, on reconnaît l’indubitable admiration pour Philippe Caubère ; on reconnaît certains bruitages (très réussis), un ton, en particulier quand il joue sa mère, mêmes intonations, même timbre de voix, jusqu’au geste de la main autour du cou. Mais peu importe, ou plutôt tant mieux car Nicolas Devort a vraiment fait sien ce vocabulaire d’imitation burlesque. Le spectacle est l’occasion de glisser quelques petites chansons de son cru. Il est plutôt bon musicien, doté d’une jolie voix. Visiblement, la chanson est une passion, déjà présente dans Cyrano. Icare pourrait bien être un autre lui-même.

La valse d’Icare de et par Nicolas Devor. Mise en scène Stéphanie Marino. Musique Nicolas Devort et Stéphanie Marino. Lumières, Philippe Sourdive. Au Lucernaire jusqu’au 26 janvier 2020 à 21h. Durée :1h10. Résa : 01 45 44 57 34.

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook