Bobigny MC93 jusqu’au 29 juin 2012

La Finta Giardiniera de W. A. Mozart

Les belles promesses de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris

La Finta Giardiniera de W. A. Mozart

Commencée en 2007 avec Cosi fan tutte, la collaboration de la MC93 de Bobigny avec l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris se poursuit chaque fin de saison. Après Le Mariage Secret de Cimarosa, Mirandolina de Martinu, Orphée et Eurydice de Gluck (voir WT des 3mai 2009,29 juin 2010, 6 mai 2011), le centre de perfectionnement pour jeunes solistes déjà formés dans divers conservatoires, dirigé par Christian Schirm revient à Mozart avec une œuvre composée à l’âge de 18 ans : La Finta Giardiniera.

De La Fausse Suivante de Marivaux (1724) à La Fausse Jardinière de Mozart (1775) la filiation est évidente même si rien ne dit que le très jeune Wolfgang Amadeus ou Giuseppe Petrosellini, son librettiste, avaient lu la pièce de leur aîné français Pierre Carlet de Chamblain. Mais le marivaudage saute aux yeux et aux oreilles, le thème de la duperie court dans les deux œuvres avec une dame de noblesse qui se fait prendre pour une roturière afin de tester et régler un différend amoureux. Mozart en fait une histoire particulièrement rocambolesque où le soupirant en titre croit avoir assassiné Violante, sa belle dans un accès de jalousie. Celle-ci en a réchappé et a trouvé un stratagème pour retrouver son amant en se mettant en tant que jardinière au service du podestat Lagonero. Lequel, c’est fatal, s’en amourache tout en préparant les noces de sa nièce Arminda avec le comte Belfiore qui n’est autre que l’amoureux-assassin de la fiancée ressuscitée… D’autres intrigues se greffent sur l’imbroglio de base, avec Ramiro, l’amoureux transi d’Arminda, la servante jalouse Serpetta et le valet Roberto alias Nardo, cousin de Sandrina ex-Violante…

Mis en musique ce sac de nœuds balance forcément entre le buffa et le seria, ce qui en fait le charme et la singularité. Mozart adulte bourgeonne déjà dans cette plante d’adolescence. Cosi, Les Noces y posent des marques qui ne demandent qu’à être affinées. Le génie ne compte pas le nombre d’années…

Un premier degré dynamique

Pour mettre en scène ce charivari, l’anglais Stephen Taylor, un familier de l’Atelier lyrique et de ses pensionnaires, a opté pour la simplicité, un jeu direct, un premier degré dynamique. Laurent Peduzzi pour les décors a suivi la même voie. Sur l’ouverture un flash mimé reconstitue le geste fatal où Belfiore poignarde Violante… Une serre, un potager avec laitues et poireaux, des panneaux mobiles recto/verso déterminent les changements de lieux. Le jeune orchestre-atelier Ostinato répond avec fraîcheur et allant à la direction tonique et gaiement enlevée de Guillaume Tourniaire. Les costumes de Nathalie Prats sont jolis, bien taillés et sans prétention.

Bonne tenue d’ensemble

La jeune troupe de l’Atelier Lyrique défend vaillamment une partition semée d’embûches. Si aucun timbre exceptionnel ne se dégage pour révéler une future Callas ou un Alagna en herbe, l’ensemble est de bonne tenue. Comme toujours les rôles sont distribués deux par deux. On retrouve avec plaisir la mezzo soprano Marianne Crebassa, déjà remarquée lors de précédentes productions de l’Atelier Lyrique. Elle est ici Ramiro, le déconfit (en alternance avec Anna Pennisi), avec une retenue de jeu propre au personnage et une voix aux richesses ambrées. La volcanique Arminda donne à Ilona Krzywicka, soprano polonaise (en alternance avec Elodie Hache), l’occasion de déployer un tempérament aux prometteuses ressources. L’humour et la justesse de Kevin Amiel, unique interprète de Podestat, compensent le trop mince volume de sa voix. Les bouffonneries du baryton Florian Sempey en Nardo excentrique lui valent un joli succès. Roumaine formée notamment au CNR de Strasbourg Andreea Soare endosse le rôle titre (en alternance avec Chenxing Yuan) et emporte la palme de la distribution par son charme, son legato, sa délicatesse et un timbre léger et coloré.

La Finta Giardiniera de Wolfgang Amadeus Mozart par l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris. Orchestre-Atelier Ostinato direction Guillaume Tourniaire (en alternance avec Inaki Encina Oyon), mise en scène Stephen Taylor, décors Laurent Peduzzi, costumes Nathalie Prats, lumières Christian Pinaud. Avec Kevin Amiel, Andreea Soare et Chenxing Yuan), Cyrille Dubois (et Joao Pedro Cabral) Ilona Krzywicka (et Elodie Hache) Marianne Crebassa (et Anna Pennisi) Zoe Nicolaidou (et Maria Virginia Savastano) Florian Sempey (et Michal Partyka)

Bobigny- MC93 - les 23, 25, 27, 29 juin à 20h.

08 92 89 90 90 ou 01 41 60 72 72 – www.operadeparis.fr ou www.mc93.com

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook