Jonasz au grenier de Franck Harscouët

Un grenier enchanteur.

Jonasz au grenier de Franck Harscouët

Il pleut, l’orage gronde, une pendule sonne minuit, les lumières s’allument et nous découvrons un grenier rempli d’objets mis au rebut et trois mannequins. Le premier, devant, assis sur un fauteuil, est vêtu d’un long tutu et un bustier élégant ; le deuxième, de dos, devant une lucarne, porte un peignoir brodé ; enfin, côté cour, un troisième, un jeune homme, semble assoupi sur un piano. Soudain, tels des automates, les trois personnages s’animent, prennent la parole et le piano semble jouer tout seul. Nous entrons dans le monde de la magie. Nous sommes dans l’atelier d’une costumière, les mannequins viennent d’une galerie marchande, d’un atelier de haute couture ou directement d’une usine de fabrication. Tous trois sont curieux de découvrir les émotions humaines dont ils sont les témoins muets. Parmi tous les objets, ils découvrent le journal de l’ancien propriétaire de cette maison qui était compositeur, chanteur et poète. Au fil des lectures, les souvenirs et les confidences dessinent en filigrane un portrait de Michel Jonasz. Les origines hongroises, les vacances à la mer de son enfance, ses vagues à l’âme, ses amours et ses déceptions. Chaque passage du journal permet l’introduction de la chanson qui correspond à l’événement et de retracer le carrière du chanteur. L’alternance entre chansons et dialogues composent un ensemble finement ciselé et équilibré.
Les trois artistes qui interprètent les mannequins sont formidables comme comédiens, chanteurs et musiciens. Tristan Garnier, chanteur, saxophoniste et excellent pianiste reprend quelques chansons de Jonasz et l’on entend avec plaisir des airs de bossa, de jazz, de blues. Il est aussi très juste dans son rôle de petit nouveau qui découvre cet endroit féérique et certaines de ses répliques introduisent quelques notes d’humour charmantes. À ses côtés, Amala Landré et Malaurie Duffaud interprètent avec talent les chansons dont elles mettent en valeur la poésie et la qualité des textes de Michel Jonasz. L’ensemble des propositions vocales et musicales sont réussies. La version de J’veux pas qu’tu t’en ailles par Malaurie Duffaud est particulièrement bouleversante et Amala Landré interprète avec finesse et élégance le classique Je voulais te dire que je t’attends.
La scénographie de Philippe d’Avilla et Franck Harscouët est un élément majeur dans la réussite de ce spectacle. Elle permet d’installer l’ambiance magique d’un conte qui nous emporte dans un espace hors-temps propice pour goûter cette parenthèse musicale merveilleuse. Les jeux de lumières roses, bleues ou rouges renforcent l’impression de douceur et de tendresse qui caractérise ce spectacle.
Un spectacle musical qui, telle une boîte à musique, nous entraine dans l’univers poétique et rythmé des chansons de Michel Jonasz.

Jonasz au grenier de Franck Harscouët
Mise en scène : Franck Harscouët
Avec Malaurie Duffaud, Tristan Garnier, Amala Landré
Arrangement et direction musicale : Christophe Houssin sur des chansons de Michel Jonasz
Scénographie et costumes : Phillipe D’Avilla et Franck Harscouë
Chorégraphie : Sébastien Savin
Crédit photo : Franck Harscouët

Festival Off Avignon : jusqu’au 29 juillet 2023, à 23h, durée 1h20
Théâtre Actuel, 80 rue guillaume Puy, 84000 Avignon

A propos de l'auteur
Brigitte Coutin
Brigitte Coutin

professeur de lettres modernes en lycée

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