Gretel, Hansel et les autres d’Igor Mendjisky

L’apprentissage de la liberté et de l’autonomie

Gretel, Hansel et les autres d'Igor Mendjisky

Avec Gretel, Hansel et les autres - dont nous faisons partie -, Igor Mendjisky propose une fabrique à rêver et à imaginer, un plateau où sont disposées des maquettes, à hauteur d’enfant, pleines de bruitages, d’animations, de musiques et où apparaissent des personnages réels ou en songe.

L’institutrice ne donne-t-elle pas à ses élèves la question du jour : « Qu’est-ce que l’imagination ? »

Une aventure théâtrale, un conte renouvelé des frères Grimm dont l’adaptateur dit de Gretel : « les préoccupations des adultes ne lui semblent pas être à la hauteur de sa vie. Elle décide de partir... »
La fraternité entre Gretel et Hansel a intéressé le metteur en scène qui se souvient de son enfance et la présence de sa soeur jumelle à ses côtés.

Certes, le conte contient de l’inquiétude - la forêt, la pauvreté, l’abandon des enfants par les parents, la méchante sorcière et la maison en sucreries.
Or, la réactualisation de l’histoire laisse place au présent des parents d’aujourd’hui qui, rivés à leurs portables et écrans, n’ont pas toute la disponibilité requise pour le bien-être de leurs enfants. D’où le malaise de Gretel qui ressent la tension permanente de ses parents en conflit durable.

Dans le village où demeurent Gretel et Hansel, le sucre et le sel ont disparu. Tout est fade et sans saveur, si bien que les adultes, de plus en plus pressés, ne prennent plus le temps de manger et ne pensent qu’à travailler : des gélules ont même été réinventées pour remplacer les repas.

N’est-ce pas une situation métaphorique de nos temps de fébrilité permanente et empressée ?
Un soir, alors qu’ils devaient rentrer de l’école, Gretel et son petit frère Hansel disparaissent. Les deux enfants, lucides sur l’abandon symbolique parental, décident de ne pas rentrer chez eux.

Ils se lancent dans une expédition, la traversée d’une forêt mystérieuse où rêve et réalité se confondent ; une drôle de sorcière leur redonne le goût des aliments - redécouverte des saveurs.

Comment vivre l’émancipation, la solitude, le mystère de la nature, l’amour fraternel et la peur de grandir ?

Les adultes, parents, police, s’inquiètent. Ils cherchent, enquêtent : la rencontre d’un arbre mystérieux, de l’écureuil, de la sorcière, d’une maison en pain d’épices et d’une licorne.

Pour décor, une chambre d’enfants capharnaüm - chaos et désordre manifeste -, le père aimerait que tout soit en ordre avant que les enfants ne se couchent, et que les parents dînent. Père et mère s’attellent pourtant à l’histoire de Gretel et Hansel, pour que s’endorment les enfants.

Théâtre d’ombre, marionnettes, stylos personnages sont filmés à hauteur d’objet par des caméras. Le commissaire de police est bien affable, et l’institutrice seyante aussi, de même le responsable de la bibliothèque, sans oublier les camarades de Gretel et Hansel dans la cour de récréation.
Une série d’écrans plus ou moins grands servent de relais au regard du public émerveillé, porté sur la maquette miniature.

La télé est sollicitée pour annoncer la disparition des enfants. Bruitages, lumières et apports technologiques de toute nature réinventent la scène, vraie source de création.
Sur le mur du lointain sont projetées les images de forêts de littérature enfantine, entre admiration et terreur pour le petit garçon avec son bonnet bleu et la petite fille et son imper jaune. Des ombres et des bêtes furtives animent la forêt dangereuse à apprivoiser. Entre dessins vidéo, marionnettes manipulées, silhouettes évanescentes filmées, apparitions fuyantes et ensoleillement progressif.

Un spectacle tonique, acidulé et tendu par la sollicitation du déroulement inventif des événements - peur, trouble intérieur, soupirs de soulagement et paix enfin retrouvée avec soi et les autres.

Gretel, Hansel et les autres d’après Les Frères Grimm, texte et mise en scène de Igor Mendjiski, dramaturgie Charlotte Farcet, musique Raphaël Charpentier, scénographie Anne-Sophie Grac, Igor Mendjisky, lumière Stéphane Deschamp, vidéo, animation Yannick Donet, Cléo Sarrazin, costumes, accessoires May Katrem, Sandrine Gimenez, décors J.Luc Malavas. Avec Sylvain Debry, Igor Mendjisky et Esther Van Den Driessche. Les 8 juillet 15h, les 9,10 et 11 juillet à 11h et 15h à la Chapelle des Pénitent Blancs Avignon.
Crédit photo :Christophe Raynaud de Lage

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Véronique Hotte

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