Paris - Théâtre National de Chaillot - jusqu’au 7 février 2009

Good Morning, Mr. Gershwin

Entre swing et spleen, un hommage jubilatoire

Good Morning, Mr. Gershwin

José Montalvo et Dominique Hervieu, directeurs à part entière depuis l’été 2008 du Théâtre National de Chaillot, lancent leur saison 2009 avec un fabuleux spectacle créé en septembre dernier au cours de la Biennale de la Danse de Lyon. Entre swing et spleen l’hommage qu’ils rendent au grand Georges Gershwin (1898-1937) est tout simplement jubilatoire.

Ils en avaient déjà abordé les rives avec la mise en scène de son opéra phare Porgy and Bess. Ils y reviennent dans leur singulier langage, langage des corps en liberté, des images en délire, des sons chaloupés à la vitesse du vent. De Broadway à Catfish Row, quatorze danseurs-acrobates-chanteurs de toutes les couleurs s’investissent dans cette course au bonheur avec une vitalité ébouriffante.

Il y a une passion des dédoublements chez les Montalvo-Hervieu. Les espaces de jeux s’échelonnent en strates superposées où les séquences filmées se mêlent à celles happées en direct. Good Morning, Mr Gershwin démarre sur écran par un ballet aquatique tournant autour d’un château de sable qui au fil du spectacle finira par être englouti. Des corps nus filent dans l’onde tandis qu’au sol les corps habillés des mêmes danseurs se livrent à des joutes acrobatiques, à des numéros d’humour, à des courses-poursuites sur fond de blues, de charleston et de toutes les cadences jazzy nées des fertiles alchimies de Gershwin où les rythmes trépidants d’Afrique fusionnent avec la langueur des harmonies klezmer.

Incroyables contorsions, gags hilarants

L’humeur farces et attrapes jalonne les séquences : une beauté blonde se livre à d’incroyables gargarismes musicaux, une brune aux contours généreux tournent ses rondeurs en gags hilarants, un danseur longiligne joue les prestidigitateurs de lampions, un autre plus râblé claquette à tout va, les numéros se suivent avec leurs incroyables contorsions et leurs envolées poétiques.

Summertime ramène tout ce petit monde trépidant sur les rives de Catfish, des amours de Porgy and Bess, au temps des insoutenables ségrégations raciales de l’Amérique des années trente, quarante et plus. Quelques images pudiques accompagnent ces bouleversantes mélopées qui plaident pour un monde meilleur. Intelligence et délicatesse : les Montalvo-Hervieu ne font aucune allusion à cette actualité qui vient de renverser les valeurs d’une certaine Amérique. On y pense d’autant plus, c’est d’autant plus émouvant.

Good Morning, Mr. Gershwin, chorégraphie de José Montalvo et Dominique Hervieu

Théâtre National de Chaillot du 7 janvier au 7 février 2009, du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 15h.
En tournée jusqu’au 11 juin 2009

01 53 65 30 00 – www.theatre-chaillot.fr

Crédit photos : Laurent Philippe

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook