Et si tu danses de Marion Lévy à L’Opéra Bastille.

Comment grandir et passer de l’enfance à la jeunesse en dansant.

Et si tu danses de Marion Lévy à L'Opéra Bastille.

« C’était toujours la même histoire avec moi : toujours je me perdais, toujours je me retrouvais. Un coup de vent : perdu. Un deuxième coup de vent : retrouvé. On m’a toujours dit : Poucet, tu es une girouette ! »

Pour Marion Lévy, la tranche d’âge des 4/5 ans amorce une construction de soi – un défi : l’âge de la découverte des autres, du corps, de la parole, des histoires, de l’imaginaire. Et si tu danses est un spectacle interactif, entre théâtre et danse, sur les traces du Petit Poucet.

Poucet est devenu adulte, il est ramasseur de pierres, et non de goémons. En arrivant sur la scène, il prend conscience que c’est ici que tout a commencé pour lui – naissance à soi symbolique et métaphorique de l’engagement du protagoniste dans l’art de la danse et de la vie. 
La présence des enfants aide le héros à retrouver le chemin des souvenirs- ses peurs et ses joies.

S’adressant pour la première fois aux enfants dès 4 ans, la chorégraphe et danseuse éclairée Marion Lévy s’associe à l’auteure Mariette Navarro. Les enfants donnent un mouvement que le danseur intègre dans sa danse : transformation progressive de l’espace – public et interprète – pour l’exploration d’une danse à soi.

Le danseur solo Stanislas Siwiorek est élégant, venu de la salle pour entrer en scène, le dos plié pour y déposer les galets et les pierres trouvés, lentement et patiemment ; les objets sont en équilibre sur les avant-bras, portant un faix insoupçonné et entravant le mouvement.
« J’avais toujours un caillou sur moi Et puis, de plus en plus de cailloux sur moi. » Des cailloux boucliers et des objets de magie.

Puis, peu à peu, il s’adresse aux enfants, tandis qu’il fait ses pas de danse élaborés dans la souplesse et l’agilité, infiniment gracieux, racontant ses souvenirs marquants qui sont autant de galets, de repères griffés et de traces mémorielles qui l’ont structuré ; à cinq ans, à six ans, à six ans et demi, puis à dix ans et à vingt ans. Des allées et venues dans un temps non chronologique qui va de ci-delà, d’une blessure au pied à une griffure à la main, d’une égratignure au-dessus de la lèvre à une douleur au dos – signatures du temps et de la vie, une expérience qui se tisse – un bel apprentissage -, pour le danseur, pour l’enfant.

Stanislas Siwiorek est un maître à danser et à penser, dévoilant une sveltesse et une grâce à la fois éblouissantes et pleines d’humilité, déployant sur le plateau une esthétique inventive entre classique et contemporain, goût du beau et plaisir de vivre. 

« J’ai grandi. Je suis devenu plus grand que mes parents, Le vent n’arrivait plus à me soulever Alors, avant que je devienne ramasseur de pierres Il m’a appris la Danse des Sept Lieues. »

Une belle initiation à l’aventure existentielle qui attend tout jeune enfant à la porte de l’art.

Et si tu danses
, conception Marion Lévy. Avec Stanislas Siwiorek, texte et dramaturgie Mariette Navarro, costumes Hanna Sjödin– Cie Didascalie, théâtre, danse, dès 4 ans. Du 12 au 15 avril à L’Opéra de Paris, Amphithéâtre Olivier Messiaen, Opéra Bastille, 130, rue de Lyon 75012 Paris.

Crédit photo : Jean-Marc Lobbé

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Véronique Hotte

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