Dormir cent ans de Pauline Bureau

Un spectacle enchanteur

Dormir cent ans de Pauline Bureau

La sortie de l’enfance et le désarroi lié à cette épreuve sont des thèmes maintes fois rebattues que Pauline bureau transcende littéralement dans ce conte moderne qui tricote allègrement la trivialité du réel et le rêve auquel elle recourt pour exprimer de manière métaphorique le désordre et les difficultés de deux adolescents qui ne se connaissent pas. Le titre du spectacle évoque évidemment La Belle au bois dormant mais ici, il n’est pas question de prince charmant ni de baiser (même s’il est beaucoup question de désir). Le sommeil est cette période de transition durant laquelle les personnages évoluent dans les limbes de la sortie de l’enfance, l’antichambre du monde adulte, moment crucial de métamorphoses inquiétantes et de déstabilisations. Aurore, la bien nommée, n’est pas une princesse ; c’est une adolescente mal à l’aise avec son corps dont elle épie les transformations qui compte tout à voix haute (les touches de piano, ses pas, etc.) pour rompre le silence qui l’angoisse. Elle ne connaît Théo que comme vague camarade de classe. Le père de Théo est affectueux mais terriblement absent et pour tromper sa solitude qui lui pèse, le garçon a imaginé un compagnon inattendu avec lequel il dialogue, Grenouille, le héros d’une bande dessinée qu’il aime bien. Au terme de mille émois, colères, fous rires et peurs diverses, souvent inconscientes, ils sortiront de leur cocon respectif, chenille devenue papillon, ils ont fait leur mue et sont mûrs pour se rencontrer et naître au monde. Mais leur rencontre ne serait-elle pas virtuelle, rêvée, une métaphore de leur métamorphose ?
Pauline Bureau a mis en scène avec tendresse et fantaisie ce très beau texte en jouant sur les modes réaliste et onirique, en nous faisant pénétrer dans le monde intérieur de ses personnages magnifiquement interprétés. La beauté poétique des images vidéo conçues par Yves Kuperberg, auteur aussi de la belle scénographie, ainsi que la musique de Vincent Hulot contribuent au charme du spectacle.

Dormir cent ans de Pauline Bureau, mise en scène de l’auteur. Avec Yann Burlot en alternance avec Lionel Codino, Nicolas Chupin en alternance avec Alban Guyon, Marie Nicolle en alternance avec Valentine Alaqui et Camille Bernon, Camille Garcia en alternance avec Murielle Martinelli et Géraldine Martineau Scénographie & réalisations visuelles Yves Kuperberg. Composition musicale et sonore Vincent Hulot. Création Lumière Bruno Brinas. Costumes Alice Touvet.
Au théâtre de la colline du 11 au 23 décembre, mardi, mercredi, jeudi et dimanche à 14h30, vendredi et samedi à 14h30 et 19h et mardi 11 décembre seulement 19h. spectacle jeune public à partir de 8 ans

Photo Pierre Grosbois

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook