Un récital de Stéphane Degout et Cyril Tiberghien à l’Opéra Comique

Des rayons et des ombres

Parallèlement à l’opéra « Picture a Day like this », un récital de mélodies a notamment permis d’entendre une œuvre pour piano de George Benjamin.

Des rayons et des ombres

GEORGE BENJAMIN N’A PAS COMPOSÉ à proprement parler de cycle de mélodies, mais c’est à l’occasion des représentations de son opéra Picture a day like this que l’Opéra Comique a confié au baryton Stéphane Degout et au pianiste Cédric Tiberghien le soin d’imaginer un récital intitulé « L’Amour du chant (1)* ». Ce récital, en grande partie consacré à Debussy, était aussi l’occasion, pour les deux interprètes, d’inviter trois jeunes artistes (deux chanteuses et une pianiste) de l’Académie de l’Opéra Comique.

Tout commence avec le premier cahier de Fêtes galantes, que la soprano Michèle Bréant aborde avec sensibilité mais une certaine timidité dans l’expression, laquelle contraste avec l’assurance et l’ampleur vocale de Léontine Maridat-Zimmerlin dans les Trois chansons de Bilitis. Toutes deux sont efficacement accompagnées par Ayano Kamei.

Stéphane Degout interprète le second cahier de Fêtes galantes, où la chaleur de son timbre et son art de la prononciation ne surprennent plus, avec une tout autre expérience. Il forme un duo complice avec Cédric Tiberghien, dont l’accompagnement (qui est plus qu’un accompagnement) donne beaucoup d’étrangeté au volet central du Promenoir des deux amants (« Crois mon conseil, chère Climène »). Stéphane Degout a beaucoup fréquenté Pelléas et Mélisande, par ailleurs, et a incarné Pelléas puis Golaud. Cette longue familiarité fait que toutes ces mélodies sonnent dans sa bouche comme autant d’études pour l’opéra de Debussy.

Pelléas, Golaud, Wozzeck

Stéphane Degout a été aussi un Wozzeck halluciné (à Toulouse, en 2021, dans la mise en scène de Michel Fau, et à Lyon, trois ans plus tard, avec cette fois Richard Brunel). Il chante les Quatre lieder op. 2 de Berg avec un sens de la noirceur appuyé, même si on le sent moins chez lui en compagnie de ce répertoire que chez Debussy. Les trois jeunes artistes de l’Académie interprètent pour leur part quelques-uns des Sept lieder de jeunesse : Léontine Maridat-Zimmerlin fait preuve des mêmes qualités dans Nacht et Schilflied, et on compte sur Michèle Bréant pour donner plus d’ampleur et autant de lumière, à l’avenir, au sublime Nachtigall.

La soirée, qui s’est conclu sur les cinq Histoires naturelles de Ravel, chantées par Stéphane Degout avec l’humour qui convient, a permis également d’entendre une œuvre pour piano seul de George Benjamin : Shadowlines. Il s’agit d’un cycle de six pièces créé en 2001, qui parfois se souvient de Messiaen. On goûte en particulier le second volet, « Wild » qui fait entendre simultanément une main gauche consonante, chantante mais retenue, et une main droite sauvage, comme l’indique le titre.

Illustration : Debussy, sur la côte normande, guettant l’arrivée de George Benjamin (dr)

* L’Opéra Comique proposera un second récital portant le même titre, le 8 novembre prochain, avec Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy.

Lieder et mélodies de Debussy, Berg, Ravel ; Benjamin : Shadowlines. Stéphane Degout, baryton ; Cédric Tiberghien, piano ; avec la participation d’artistes de l’Académie de l’Opéra Comique : Michèle Bréant, soprano ; Léontine Maridat-Zimmerlin, mezzo-soprano ; Ayano Kamei, piano. Opéra Comique, 29 octobre 2024.

A propos de l'auteur
Christian Wasselin
Christian Wasselin

Né à Marcq-en-Barœul (ville célébrée par Aragon), Christian Wasselin se partage entre la fiction et la musicographie. On lui doit notamment plusieurs livres consacrés à Berlioz (Berlioz, les deux ailes de l’âme, Gallimard ; Berlioz ou le Voyage...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook