Carcasse, écriture collective

Apprendre à faire son deuil

Carcasse, écriture collective

À l’occasion de l’incinération de leur père, ses trois enfants prennent conscience de leur fratrie, de la réalité d’un décès, de la façon dont notre société occidentale traite ses défunts. Ils apprennent à verbaliser ce qu’ils ressentent.

La perte d’un être cher est une souffrance particulière. Surtout lorsqu’il s’agit de son père. Trois jeunes adultes doivent organiser les funérailles de leur géniteur. Devant cette disparition, ils sont seuls. Deux d’entre eux sont au crématorium en attente de leur cadet en provenance du pays étranger où il est en séjour scolaire.

Pour protéger ce dernier, frère et sœur ont décidé de lui cacher que le décès n’est pas un accident mais un suicide. Outre la difficulté à faire son deuil, cette pièce aborde donc aussi celui du mensonge dit « pieux » censé atténuer la douleur de celui pour qui il est conçu. S’y ajoute la difficulté de la parole : chacun désire dire publiquement ce qu’il ressent sans trop savoir sous quelle forme et selon quelle hiérarchie mais une fois la cérémonie prévue dans ses détails, il est difficile d’en changer le cours.

Le crématorium et sa cérémonie constituent le thème suivant. Il pose la question des rituels institués dans notre société où la part commerciale du funéraire est gérée par des impératifs de rentabilité plutôt que de compassion et justifie ici le titre « Carcasse  » de cette représentation. Il se combine avec quelques allusions comparatives à des coutumes ancestrales pratiquées dans des tribus lointaines où les vivants cohabitent avec les défunts.

C’est un quatrième protagoniste qui révèle le fonctionnement institutionnel des pompes funèbres. Remplaçant au pied levé un croque-mort absent, cet intérimaire enchaîne gaffes sur maladresses, quiproquos sur approximations douteuses. L’aspect parodique de ce personnage fait contrepoint au drame âr le biais d’une caricature délicate mais très justement critique.

Un théâtre d’échanges

Il est important de souligner la part de l’art du théâtre dans cette mise en scène. Si les personnes s’échinent à trouver une parole qui leur correspondent, leur corps a aussi un langage. Et la mise scène lui fait part belle en soulignant chez les acteurs des attitudes, des mimiques, des mouvements des gestes accomplis ou esquissés qui expriment sans parole ce que ressentent leurs personnages. Ce travail remarquable ajoute une véritable dimension humaine à cette situation tragique.

La troupe de la Guimbarde a pleinement conscience de proposer un spectacle que le jeune public recevra avec émotion, qu’il associera à ses souvenirs familiaux personnels. Elle a réussi son défi et ceux qui le souhaitent, enseignants ou parents, ont la possibilité de se référer à un éclairant dossier d’accompagnement téléchargeable, ouvert au questionnement sur leur site.

Carcasse, Conception & Mise en scène : Camille Sansterre
Écriture : Camille Sansterre avec les acteurs
Scénario, dramaturgie : Camille Sansterre, Julien Lemonnier
Avec David Serraz, Léopold Terlinden, Delphine Veggiotti, Pierre Verplancken
Assistanat : Gentiane Van Nuffel
Regards extérieurs : Daniela Ginevre, Gaëtane Reginster
Création musicale : Julien Lemonnier,
Création lumière :Vincent Stevens
Conception graphique, réalisation technique :Vincent Stevens, Raphaël Simmons
Scénographie : Aurélie Borremans
Costumes :Alexandra Sebbag
Confection textile : Elyse Galiano
Régie : Vincent Stevens, Raphaël Simmons & Julien Placentino
Chef opérateur : Robin Montrau
Montage : Ayrton Heymans
Ingénieur du son : Gianluca Kegelaert
Remerciements : Alain Sansterre (rôle du Père dans la vidéo),Jacqueline Decubber pour son travail de confection sur le spectacle

A Bruxelles, Carcasse dans le cadre de Noël au Théâtre Le Rideau 04.01.2022 16h

En tournée : https://laguimbarde.be/agenda/

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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