Biennale d’art flamenco 2020 à Chaillot

Un éventail ouvert de genres

Biennale d'art flamenco 2020 à Chaillot

D’emblée il faut prévenir les tenants d’un flamenco pur et dur que la quatrième édition de la Biennale d’art flamenco du Théâtre national de la danse à Chaillot à Paris propose un éventail de sept programmes par des artistes s’ouvrant à d’autres genres, voire d’autres cultures, depuis le 26 janvier jusqu’au 13 février 2020.
L’exemple le plus emblématique de cette tendance est le spectacle Cuentos de Azúcar de l’Andalouse Eva Yerbabuena pour lequel cette danseuse de flamenco curieuse d’autres cultures, a convié la chanteuse Japonaise Anna Soto (4 au 6 février 2020). « La distance dans le temps et dans l’espace n’a pas de prise » explique la danseuse qui ajoute : « nous nous sommes unies dans des visions différentes qui nous ramènent à l’essence de la vie : il existe beaucoup de formes d’expression, mais un seul battement universel ».
Pour accompagner ou amplifier la danse vigoureuse de Eva Yerbabuena et de son compatriote Fernando Jimenez ainsi que la voix mélodieuse de Anna Soto, ont été conviés, pour leur chant flamenco, Miguel Ortega et José Valencias tandis que, pour la partie instrumentale, font équipe le tambour japonais Kaoru Watanabe avec la batterie d’Antonio Coronel et les percussions de Rafael Heredia.

Il s’agit bien également d’ « un melting pot » que le spectacle Magma (6 au 13 février2020) qui réunit l’ancienne danseuse étoile de l’Opéra de Paris Marie-Agnès Gillot et un des danseurs réformateurs de la danse flamenca Andrès Marin, le chorégraphe Christian Rizzo qui est venu se glisser entre les deux danseurs, non pas tant qu’en chorégraphe que comme une « nébuleuse active » dit-il, un directeur artistique chargé aussi de la scénographie et des costumes . Magma s’annonce comme un « ballet féroce, animal et élégant », avec comme accompagnement la batterie de Didier Ambact et la contrebasse de Bruno Chevrillon.

Ana Morales qui revendique pleinement son héritage familial et culturel andalou, a endossé comme danseuse toutes les esthétiques du flamenco, avant de trouver son identité et de signer une première pièce très personnelle comme chorégraphe, Sin permiso –Canciones para el silencio (29 au 30 janvier 2020). Elle y évoque par sa danse son père, un Sévillan émigré en Catalogne, alors qu’avec ce dernier rien ne s’est dit. Le danseur José Manuel Alvarez est son partenaire et ils sont accompagnés par un trio de musiciens qui mélangent à la musique traditionnelle des envolées électroniques.
Une autre Andalouse, une artiste iconoclaste associée à Chaillot, Rocio Molina propose avec Impuls, une performance en direct (1er février 2020) , une invitation au public à suivre une étape d’un processus de création d’un spectacle qui aura lieu en Espagne en septembre 2020.
Olga Pericet , danseuse hors pair, signe avec La espina que quiso ser flor… (30 et 31 janvier 2020), une pièce qui se joue des codes avec un bel équilibre entre danse et musique (deux chanteurs et deux musiciens).

Cette quatrième Biennale d’art flamenco s’est ouverte avec la création de la première chorégraphie Fandango d’un ancien danseur du Ballet national d’Espagne et du Ballet flamenco d’Andalousie, le Sévillan David Coria . La direction de la musique est assumée par David Lagos qui met en perspective son style de chanteur flamenco avec le monde de la musique électronique et les interventions d’un saxophone-ténor et d’une guitare. David Coria, interprète de grande race est rejoint par quatre danseurs tout aussi virtuoses dans le zapateado.

Un regret : que l’on ne comprenne pas le chant de David Lagos au fort accent andalou ; à le suivre dans son chant permettrait d’apprécier mieux le lien avec la danse.
Une certitude : la danse par son caractère vif et voluptueux correspond à la définition de ce qu’est le fandango.
Un souhait : que Chaillot améliore l’actuelle sonorisation de son plateau qui dénature les sons.

Art flamenco à Chaillot du 26 janvier au 13 février 2020.
Infos et réservation au 0153653000,
www .theatre-chaillot

Photo ©Joan Tama

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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