Paris- Théâtre de la ville -

Au revoir parapluie

Le monde réenchanté

Au revoir parapluie

À 33 ans, James Thierrée s’est déjà imposé comme un grand artiste de la scène internationale. Fils de Victoria Chaplin et de Jean-Baptiste Thierrée, il est enfant de la balle, né dans les coulisses du cirque familial. Acrobate, il apprend aussi le violon et se forme au théâtre au mythique Piccolo teatro à Milan. Autodidacte et virtuose de la pantomine, sa manière dansée de se déplacer, ses jeux burlesques, ce mélange inimitable de gravité, de tendresse et d’humour évoquent, comme en surimpression, la figure de Charlot (qu’il n’a pas connu). Il n’aime pas beaucoup qu’on lui rappelle cette filiation qui sonne trop people à son goût mais qui n’est qu’un hommage ému au grand père et au petit-fils qui lui ressemble, même silhouette fine, boucles noires, pommettes hautes, jusqu’ à l’intensité du regard. En 1998, James Thierrée crée sa compagnie. Ses deux premiers spectacles, La Symphonie du hanneton et La Veillée des abysses, suscitent, à juste titre, l’enthousiasme du public et de la critique. Au revoir parapluie vient d’être récompensé par un molière.

Du grand art

Au centre de la scène un arbre noueux colossal fait de cordes blanches, arbre de la forêt des contes qui cache des elfes dansants. Plus tard, la ramure se déploie pour libérer l’image de la voilure d’un bateau en partance pour de grands voyages intérieurs, un thème cher à James Thierrée qu’il avait magnifiquement mis en scène dans La Veillée des abysses. Partir, voyage, chercher, se tromper, recommencer, loin de toutes certitudes et en toute liberté. Ici, le voyage est seulement suggéré par les cordages, les drisses géantes au bout desquelles sont accrochés d’impressionnants mousquetons en forme de crochets. Plus loin, une ancre se balance dans les airs. Si dans Au revoir parapluie, le propos est moins construit que dans les spectacles précédents, l’enchantement opère toujours à travers une succession d’images souvent fugaces et intenses, enchaînées avec une rapidité saisissante. Toujours prises dans le mouvement de la vie, dans les glissements incertains des frontières entre réel et imaginaire qui transforment les choses et l’environnement. Plier un costume et, dans le prolongement du mouvement, plier son propre corps, implorer sa jambe de bien vouloir se déplacer, maîtriser son cœur qui bat la chamade dans le plus grand désordre, de la tête aux pieds, prendre des cordages pour des cordes vocales, se battre en duel avec des bottes de foin, être prisonnier d’une cage à oiseaux, écho du grand Prévert. Du détournement des objets naît la poésie, l’imaginaire. Des bêtes étranges, fantasmagoriques, réalisées par Victoria Chaplin, traversent toujours ses spectacles à un moment ou à un autre, des machines élévatrices menaçantes transportent les artistes. James Thierrée possède comme personne le don d’émerveillement, innocence de l’enfance intacte. Il suscite le rêve pour le rêve, libéré de toute réflexion.
Magicien qui dirige le monde animé et inanimé, grand orchestrateur des rêves, il convoque Vivaldi ou le limonaire des rues et clos son spectacle sur le montage d’une toile de cirque sous une pluie miraculeuse de petits volants blancs. L’aérien est toujours présent dans cette éternelle quête de légèreté affranchie de la gravité à laquelle l’incroyable Kaori Ito semble accéder. Au revoir parapluie est, dit-il, son dernier spectacle du genre. Il souhaite changer de registre, a de nombreux projets pour le spectacle vivant mais aussi du côté du cinéma.

Au revoir parapluie, la compagnie du hanneton avec Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Satchie Noro, Maria Sendow, James Thierrée. Au théâtre de la ville jusqu’au 30 mai Tél : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville.com

AU REVOIR ... TOURNÉE 2007
13-16 mars La Coursive, scène nationale de La Rochelle
20-25 mars Théâtre national de Nice
28, 29, 31 mars La Comédie de Clermont Ferrand
11, 12 avril Maison de la Culture de Nevers
14-29 avril Maison de la Danse Lyon
10-12 mai Le Théâtre scène nationale de Narbonne
4-7 oct. Espace des Arts Chalon/Saône
9, 10 oct. Théâtre de Sartrouville
12, 13 oct. Espace Jacques Prévert, Aulnay sous Bois
19, 20 oct. Théâtre André Malraux, Rueil Malmaison
29 oct. 10 nov. Sadlers Wells Theatre, Londres
20-30 nov. Shakespeare Theater, Chicago
3-18 déc. Brooklyn Academy of Music New York

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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