Paris, théâtre Comédia jusqu’au 24 avril 2011
Amor amor à Buenos Aires de Federico Mora
Ambiance porteña
Depuis qu’il ne met plus en scène les spectacles de la compagnie Les Brigands (Docteur Ox, Ta bouche), Stéphan Druet explore des formes théâtrales les plus variées passant de Corneille ou Shakespeare aux grandes productions tel que Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach mis en scène avec Julie Depardieu dans le cadre de l’opération annuelle Opéra en plein air (2008). Parti en Argentine présenter Une visite inopportune de Copi, il s’est amouraché de Buenos Aires, succombant aux charmes de la ville et de ses habitants, et en a rapporté une comédie musicale porteña en diable qu’on a pu voir en 2010 dans le bel espace de l’hôtel Gouthière à Paris où il anime un festival annuel en juillet, en collaboration avec Jean-Louis Bihoreau.
Stéphan Druet s’est glissé dans la peau d’un certain Federico Mora pour concocter cette bluette sans manières, prétexte à faire vivre une pension argentine haute en couleurs dirigée par l’irascible Alba (touchante Mona Heftre) où se croisent prostituées (la belle chanteuse et danseuse argentine Laura Lago), travestis, bellâtre latin gominé (François Briault) ainsi que de quelques fortes personnalités telle que l’inénarrable et tonique Zulma, la grand-mère interprété par Stéphane Eloy ou les deux sœurs coincées qui finissent par libérer leurs pulsions sexuelles (Cécilia Filippi et Emma Fallet). Le linge sèche aux fenêtres, on s’interpelle d’une chambre à l’autre pour un oui ou pour un non. Le fils d’Alba revient en travesti, devenu Ottavia la Blanca, il espère ainsi enfin être aimée par Alvaro le bel Argentin. Il faut souligner l’extraordinaire interprétation de Sebastian Galeota dont la présence électrise la scène et qui chante magnifiquement les tangos furieusement sentimentaux. On se dispute, on crie, on pleure, on rit, on fait des histoires pour des broutilles et tout finit toujours par des chansons désespérées. Stéphan Druet, qui a bien saisi l’esprit baroque et excessif argentin, a conçu un spectacle bigarré plein d’humour et de passions sur lequel plane l’ombre tutélaire du grand Carlos Gardel. Si on ne retiendra pas les chorégraphies sans grande originalité, on se rappellera de la beauté des danseuses et surtout des voix de Mona Heftre, de Laura Lago et du saisissant Sebastian Galeota.
Amor amor à Buenos Aires de Federico Mora, mise en scène Stéphan Druet avec Sebastiàn Galeota, Mona Heftre, Cécilia Filippi, Emma Fallet, Laura Lago, Stéphane Eloy, François Briault, Salem Sobihi, avec la participation exceptionnelle de Coco Dias. Chorégraphie : Caroline Roëlands. Lumière : Régis Vigneron. Son : Philippe Parmentier. Costumes et chapeaux : Michel Dussarat.
Au théâtre Comédia jusqu’au 24 avril du mardi au vendredi à 20h30, samedi et dimanche à 17h, samedi à 21h.
Téléphone : 01 42 38 22 22
Photo Bernard Richebe